Des cliques (et des claques)

© INGRID OTTO

 » Madame, je vous chéris « , commente un type sur Twitter. Il répond à une dame qui explique qu’elle est musulmane croyante et pratiquante, qu’elle porte le Bikini et est anti-Burkini. Ce qui est bien son droit, ma foi. Mais le mot m’a interpellée. C’est pas rien, chérir. D’après le Larousse, ça signifie  » aimer tendrement quelqu’un « . Pourquoi dégouliner d’amour pour une dame inconnue qui exprime ses préférences vestimentaires ? Ah mais suis-je bête ! Mais où ai-je la tête découverte ? Nous assistons au retour de la revanche de la saga numéro 5 du Burkini, ce maillot très couvrant que quasi personne n’a croisé en vrai mais sur lequel à peu près tout le monde a quelque chose à dire.  » Quand je pense que le féminisme de gauche en fait un symbole d’émancipation ! « , éructe un autre spécialiste de la question. Quel malaise, tous ces hommes qui s’intéressent autant au(x) féminisme(s) que moi à la typologie des ongles incarnés, et qui décident régulièrement d’éclairer de leurs lumières le débat. Les féministes, de gauche comme de droite, sont des grandes filles capables de s’exprimer, et elles n’ont pas besoin qu’on remplisse les phylactères à leur place, surtout pour y écrire des choses qu’elle n’ont a priori jamais dites. Ce que beaucoup estiment, par contre, c’est que passer des semaines médiatiques à se focaliser sur la manière dont des femmes s’habillent pour aller se baigner, c’est gênant. Oui, même si le vêtement est associé à une religion. Le sociologue français Jean-Claude Kaufmann, auteur du livre Burkini, autopsie d’un fait divers, explique que les islamistes, auxquelles les porteuses de ce maillot couvrant sont souvent associées, considèrent la plage comme un lieu de perdition où une femme n’a rien à faire.  » (Elles) ne sont pas les porteuses d’un projet politique islamiste. Ce sont des femmes croyantes qui souhaitent se voiler mais qui aimeraient bien se baigner quand même et se demandent comment faire.  » Et cet été, de nouveau, un peu partout en Europe, elles en auront été empêchées. Pour leur bien, parce qu’on les chérit. Mais si possible en Bikini.

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