Des cliques (et des claques)

Florence Hainaut © Ingrid OTTO

 » Certaines féministes (intégristes) exigent aujourd’hui qu’on arrête de diffuser les vieux Disney ! « , lis-je sur Internet, entre mon premier café et une décapitation de chaton angora (je suis féministe intégriste, j’ai des loisirs horribles, voyez-vous). Cette étude américaine qui questionne les représentations véhiculées par les dessins animés a, comme prévu, provoqué des réactions parfaitement modérées. Tout cette information faisant état de la décision d’une école maternelle de Barcelone de retirer de sa bibliothèque une série de livres, dont des contes classiques, ceux-là mêmes que le géant californien a portés à l’écran. C’est vrai que c’est un signe indéniable de radicalisation de réfléchir deux secondes à ce qu’on donne à voir comme représentation du monde à nos enfants. Et je suis d’autant plus à l’aise pour en parler que je n’ai moi-même pas de mômes, ce qui m’évite d’être perturbée dans ma réflexion par cette chose encombrante qu’on appelle  » la réalité « . Ça fait au moins vingt ans que des recherches en sciences sociales épinglent le fait que le modèle classique des Disney a un impact sur la manière dont les petites filles et les petits garçons se construisent. Soit une douce princesse en détresse, mais comme elle a deux mains gauches et des jambes en mousse, elle attend son courageux prince qui viendra la délivrer. Est-ce que quelqu’un ici a franchement envie que sa gamine grandisse avec, dans sa boîte à modèles, une femme passive, maltraitée, qui ne doit son salut qu’à un homme qui lui roule une galoche alors qu’elle est dans le coma ? Vous rêvez qu’elles passent leur vie en soutien-gorge sur un coquillage ou un tapis volant ? Idem pour les contes de fées. OK, ils font partie de notre enfance, mais franchement, cette histoire de demoiselle qui doit s’emmitoufler dans un âne mort pour éviter l’inceste, on dirait un film des frères Dardenne. La première Cendrillon apparaît vers le IIIe siècle. Nous sommes en 2019. Une époque parfaite pour apprendre aux fillettes à enfoncer le petit pot de beurre jusqu’à la glotte du loup et à lui faire un kickback balayette. Ça sauvera la mère-grand en prime.

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