» Bienvenue au pays de l’espoir, des résurrections et des

rêves « , avait écrit Rémy Gomez, président de Beauté Prestige

International, en guise de petit mot d’accueil glissé dans un panier de nèfles fraîches. Dans cette maison, quand on crée un parfum sur mesure pour Elie Saab, Jean Paul Gaultier, Narciso Rodriguez ou Issey Miyake, on met les petits plats dans les grands, et surtout on prend le temps.  » Pas question de se contenter de mettre le nom d’un créateur sur un flacon « , rappelle Nathalie Helloin Kamel,

vice-présidente des parfums Elie Saab, qui privilégie toujours

l’alchimie. Et l’addiction. Pour ELIE SAAB, Le Parfum, cela se traduit par des fleurs, du bois, un lien  » crémeux, confortable comme un cachemire très fin et très souple « . Grâce à la magie de

Francis Kurkdjian, parfumeur. L’idée de départ ? Surtout pas

de tubéreuse, Elie Saab déteste, ni du bois de oud, très prisé au Moyen-Orient,  » une matière prestigieuse mais à l’odeur

puissante et rémanente, que les femmes de là-bas portent sous forme d’huile, cela diffuse encore davantage « . Autre indication : un floral, parce que  » les grands mythes de la féminité en

parfumerie, c’est du floral, mais pas que, il faut qu’il se passe quelque chose après « . De la fleur d’oranger, donc, et du jasmin mais adossés au patchouli et au cèdre avec, en sillage, un

 » accord miel de rose  » addictif,  » assez facile à décrypter mais techniquement difficile à réaliser « . Lequel accord gourmand

et si joli se transforme sur la peau en effluve de jallab, ce sirop

de rose et de dattes que l’on boit en été au bord de la piscine de l’hôtel Saint-Georges, au bout de la corniche, là où Beyrouth

a décidé de se jeter dans la mer.

Francis Kurkdjian en sait quelque chose, lui qui connaît le Liban sur le bout des doigts. Confessions d’un parfumeur aux fulgurances émouvantes.

Une inspiration.

 » C’est un projet naturel pour moi. Je connaissais les silhouettes d’Elie Saab (et cette idée de robe de princesse) et le Liban, pour y être venu plusieurs fois bien avant le projet. Mais je ne suis pas parti de mes souvenirs olfactifs du Liban, parce que cela ne sent rien, enfin, rien… Oui, les soirs d’été, cela sent le jasmin mais cela sent aussi la ville, les pots d’échappements, les égouts – tout n’est pas super carré ici. J’ai également essayé de ne pas tomber dans le cliché du couturier libanais, d’une espèce de truc loukoumesque, mais plutôt de partir d’un ressenti dans la manière dont

Monsieur Saab prend les choses de son patrimoine ou de sa ville et leur donne une forme de twist occidental – c’est cela qui

m’intéressait et c’était aussi cela la difficulté. Je crois que j’ai réussi à ne pas faire une erreur de casting parce que j’aime

Beyrouth, que c’est une ville très futuriste, tournée vers l’Occident et en même temps très moyen-orientale dans sa façon d’être, dans la vibration des gens, humainement et architecturalement. C’est une ville de tensions, un pays de tensions, des gens de tensions et c’est touchant. Cela fait un parfum de tensions, oui, il a de cela, pour moi, il est tendu, ce parfum – entre un truc super doux et pas super doux, entre un truc super fille et pas super fille du tout. « 

La conception.

 » Je cherche d’abord un nom de code, le titre de mon histoire. Ce parfum, je l’ai appelé Nour, la lumière, parce que je trouve qu’Elie Saab est une marque lumineuse. C’est un couturier qui aime les femmes, son travail est de l’ordre de la parure, presque de la joaillerie, il y a un jeu subtil et un équilibre très particulier. J’ai imaginé l’odeur derrière tout cela. C’est un travail intellectuel,

de création, d’anticipation, ensuite, je convoque les matières

premières dont j’ai besoin et puis j’écris ma formule. Je ne

compose plus là, elle est déjà faite ma composition à ce stade-là ! C’est un travail un peu pénible : trouver les bons ingrédients, les bonnes proportions pour arriver à l’idée du fantasme. Un parfum, c’est un fantasme réalisé. « 

Le parfum

 » Il sent très rond, il commence fleur et puis tout à coup, il y a un truc qui arrive qui n’est pas prévu au programme et qui l’envoie justement là où il ne faut pas aller, une espèce de note qui s’inspire d’une boisson libanaise qui s’appelle le jallab, c’est dément. Tout ici est assumé et tout cohabite parce que le Liban, c’est aussi cela. « 

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