En 5 Mots

© SIGOLÈNE VINSON

Ancienne de la rédaction de Charlie Hebdo, l’auteure française signe Le Sillon, son deuxième roman. à travers cette enquête très intime, elle dessine le souvenir de Hrant Dink, journaliste d’origine arménienne assassiné en 2007 en Turquie.

Istanbul

Valérie Manteau a pris un congé sabbatique pour écrire Le Sillon à Istanbul, une ville qu’elle adore.  » Je la trouve sublime. J’adore les gens, l’art de vivre. J’aime prendre le petit déjeuner turc dans les cafés et le thé avec les commerçants, puis aller boire des verres dans le parc de Moda avec vue sur la mer de Marmara et la vieille Byzance au loin le soir. Dans certains quartiers, il y a des gens qui désapprouvent clairement la manière dont on s’habille ou le fait de consommer de l’alcool. D’un coup, on se prend dans la figure cet envers de la Turquie, auquel j’ai eu très peu affaire dans ma vie quotidienne.  »

Sillon

Le titre du roman est aussi la traduction du nom du journal de Hrant Dink.  » Agos, qui veut dire sillon, était un mot commun aux Arméniens et aux Turcs des campagnes, quand il y avait encore une communauté arménienne substantielle en Turquie. C’est pour cela qu’il avait été choisi comme titre du journal.  » Le mot évoque aussi la parabole biblique du semeur.

Vivre-ensemble

D’origine arménienne, Hrant Dink a fondé Agos en 1993 en Turquie, pour promouvoir la paix et le vivre-ensemble entre les différentes communautés.  » C’était quelqu’un qui faisait l’unanimité chez tous les défenseurs des droits de l’homme en Turquie. C’était un vrai porte-parole de la paix et de la coexistence des minorités, avec une très grande intelligence de ce que c’est que de vivre dans un pays multiculturel.  »

Amour

Dans le roman,  » l’amant turc  » prend une place importante.  » Je me suis rendu compte que même pour les gens bien plus exposés que moi politiquement, l’amour et les relations étaient aussi au centre de leurs préoccupations. C’est pour cela que j’ai maintenu très fort l’histoire d’amour dans le livre. Car, finalement, c’est elle qui a occupé la moitié de mon temps. J’avais des problèmes de couple, et je ne voulais pas évacuer cette réalité et faire un livre désincarné.  »

En 5 Mots
© SDP

Deuil

Pour Valérie Manteau,  » la littérature est un espace de vie commun avec les morts « . Le Sillon, comme son précédent roman Calme et tranquille, sont des moments de rencontres dans un temps qui n’existe pas ou plus.  » Quand je lisais les livres de Hrant Dink, c’est comme si je discutais avec lui. Peut-on emprunter un chemin qui a été tracé par quelqu’un qu’on n’a pas connu ? C’est un autre pays, c’est une autre histoire que la mienne, et pourtant je peux épouser un moment cette vie et cette histoire. Avec Hrant Dink, c’est comme si j’avais endossé le deuil de cet homme extraordinaire dont je n’ai connu que les livres, et le manque, qui résonnent si fort aujourd’hui. « 

Le Sillon, par Valérie Manteau, Le Tripode, 280 pages.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content