Hind Rabii: la designer de la lumière

© SERGE ANTON

Hind Rabii a fait de la lumière et de l’usage de celle-ci sa vie. Elle vient d’être nommée présidente de la 16e édition de la Vitrine de l’Artisan, qui cette année met des femmes entrepreneuses à l’honneur. La designer répond à notre interview sur le vif.

La question qu’on vous pose le plus souvent?

« Quelle est l’origine de votre nom? » Je suis née au Maroc mais installée en Belgique depuis plus de trente ans. Je dois à chaque fois expliquer le comment et le pourquoi de mon nom, de mes origines. J’ai un petit cours d’histoire judéo-arabo-andalou-marocain que je répète souvent… Puis j’enchaîne sur la raison de mon installation en Belgique, et particulièrement à Verviers où j’ai développé ma marque en privilégiant une production locale.

La compétence inutile que vous maîtrisez?

Parler avec des accents différents. A part à brouiller les pistes, ça ne sert à rien.

Un sport que vous pratiquez… en pensée?

Le fitness poussé. J’en fais un peu mais, dans mes rêves, je le pratique quotidiennement. Je suis même une pro… en théorie.

La ville ou le pays dont vous n’êtes jamais vraiment revenue?

Ça va paraître bizarre vu le contexte, mais Saint-Pétersbourg fait partie de ces villes dont on ne sort jamais vraiment. Je me revois encore découvrir le Musée de l’Ermitage, au bord de la Neva. J’y suis retournée plus d’une fois.

La personne qui a le plus d’influence sur vous?

Difficile d’y répondre sans paraître arrogante. Je ne suis pas influençable bien que je fonctionne au coup de coeur. Je suis passionnée par tout ce qui touche à l’artisanat mais je ne peux m’empêcher de me l’approprier et le refaçonner selon mes envies. Les marques m’indiffèrent. Si je trouve un objet beau, c’est parce qu’il est beau. Pas parce qu’il porte le sceau d’une marque. A titre personnel, je vais quand même dire mon époux. Il est l’opposé de moi: hypercalme, posé. Et je me rends compte après plus de vingt-cinq années ensemble qu’il a déteint sur moi. Je me surprends parfois à rester calme, alors que je vis à 100 à l’heure d’habitude.

Une idée concrète pour un monde meilleur?

Il me faudrait bien trop de pages pour répondre à cette question…

Le plat qui vous ramène en enfance?

Le pain perdu. Je ne le mangeais que chez ma grand-mère. Que c’était bon! Mais c’est impossible de retrouver aujourd’hui la même saveur. C’est devenu un souvenir d’enfance quasiment ésotérique. Et donc non reproductible.

L’achat le plus bizarre que vous ayez fait?

De très très hauts talons. Mais je ne les mettrai jamais. Je porte souvent des chaussures plates ou avec de petits talons car je suis plutôt grande. Je les trouvais juste beaux…

Votre dernier coup de gueule?

C’est rare que je pousse une gueulante à un moment précis. En général mes coups de gueule sont en continu. La place de la femme au Maroc continue de m’étonner. Quand elle perd ses parents, une fille hérite deux fois moins qu’un garçon. Anecdotique, mais très révélateur!

La dernière fois que vous vous êtes trompée?

Je travaille principalement à l’instinct, sans nécessairement prendre en compte la réalité du marché. Pour une de mes dernières pièces, j’ai tenté une approche raisonnée, et je me suis loupée. Comme quoi il faut toujours s’écouter.

Qu’avez-vous appris sur vous durant la pandémie?

Que nous sommes bien peu de choses. Et au niveau professionnel, ça m’a surtout démontré la nécessité de mettre en place mon propre e-shop pour rendre mes produits accessibles à tous.

Ce que vous avez envie de faire, là, tout de suite?

Dormir. Je vous réponds depuis mon hôtel à Dubai où je suis venue pour lancer ma collection dans un nouveau showroom. Décalage horaire et longues journées, je suis épuisée.

lavitrinedelartisan.com et hindrabii.eu

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