Un voyage autour du monde en quarante jours. C’était le 5 octobre dernier, au Cirque d’Hiver, à Paris. Antonio Marras, directeur artistique de Kenzo, fait d’abord défiler la collection printemps-été 2011, puis, pour fêter les 40 ans de la maison, occupe l’espace, c£ur et esprit compris, avec cette performance, ce kaléidoscope de silhouettes en strates époustouflantes, ces poupées russes hybrides vêtues de haut en bas d’archives détournées, revisitées, réinventées. L’héritage est sublimé.

Un voyage sans retour. C’était en novembre 1964. Un jeune créateur de mode japonais embarque à Yokohama sur Le Cambodge. Un aller-simple avec escales à Hong Kong, Saigon, Singapour, Colombo, Djibouti et Alexandrie. Destination Marseille, pour mieux monter à Paris. De ce voyage initiatique, Kenzo Takada gardera une valise pleine de cartes postales et un amour immodéré pour le mélange des cultures et des matières. Quelques années de galère plus tard, il installe sa boutique et son prêt-à-porter galerie Vivienne. Sur un mur, il peint à la main une fresque jungle, très Douanier Rousseau. Sur ses modèles, il drape des kimonos, sème des fleurs, contraste les couleurs, les tissus, invente un nouvel exotisme fait d’Orient et d’Occident. Et soudain, sur la mode, souffle un vent de liberté, de fraîcheur, d’audace.

Un voyage transcendantal. C’était en 2003. Antonio Marras, créateur sarde, reprend le flambeau et devient directeur artistique Femme de la maison. L’homme a tout pour lui – le talent, la sensibilité, une belle incandescence, un certain esprit insulaire, le même que Kenzo peut-être, qui tend à transcender toutes les limites, pas seulement géographiques et pousse à la rêverie. Plus un don inné pour la poésie. Sept ans plus tard, en créateur inspiré, le désormais  » directeur artistique global  » fête les 40 ans de Kenzo. Avec ce défilé aventureux, avec des rééditions d’anniversary items, des collections  » hommages  » et avec un livre-surprise où les mots célèbrent la beauté de la différence, où la fantaisie des pop-up le dispute à la flamboyance des fleurs, où les chapitres s’offrent des titres comme des manifestes – Escape, Encounters ou Poetry -, où le présent tutoie le passé, tout imbriqué. La preuve en 296 pages qu’avec Kenzo, le monde est vraiment beau.

Kenzo, éditions Rizzoli International, 296 pages, version Librairie ou Deluxe.

ANNE-FRANCOISE MOYSON

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