Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Le culte de Bacchus étend plus que jamais son empire. Porté aussi par une nouvelle génération de bars à vins, toujours plus trendy. Voici les coups de cour de Weekend, à Bruxelles et en Wallonie.

En ce mois de septembre sort un nouveau volume des Gouttes de Dieu, un manga dédié au vin. Imaginé par Tadashi Agi et Shu Okimoto, cette bande dessinée nipponne raconte les aventures de Shizuku Kanzaki, le fils d’un grand £nologue que le destin va mener au c£ur de l’univers du vin. La série qui fait un malheur au Japon n’est pourtant pas la première du genre. Le Sommelier , un récit en 6 volumes sur la même thématique, a fait un carton en narrant l’histoire d’un jeune… sommelier. Traduites en français, ces deux sagas connaissent aujourd’hui un même engouement sous nos latitudes. Détail piquant, les différents volumes sont préfacés par des sommités de l’establishment vinicole parmi lesquelles figurent Philippe Bourguignon – une référence en France – ou Michel Dovaz, le plus ancien collaborateur de LaRevue du vin de France.

 » Jamais le vin n’a été autant à la mode, pointent les spécialistes Denis Saverot et Benoist Simmat dans leur dernier ouvrage, In Vino Satanas. De Paris à San Francisco, de Pékin à Moscou, des plages élégantes du Cap aux luxueux hôtels de Dubaï, il représente la civilisation et la culture.  » Et les auteurs de poursuivre en démontrant que ni le thé, ni la bière, ni la vodka – des autres boissons à croissance fulgurante – ne font valoir un tel potentiel économique que les experts estiment à 120 milliards de dollars (plus de 84 milliards d’euros) dès 2011.

Boosté par une énorme demande, le marché du vin s’offre aussi dans une version plus spectaculaire. Là, les proportions donnent carrément le vertige. En Espagne, les lignes sculpturales de la bodega Marqués de Riscal portent la signature de l’architecte star canadien Frank O. Gehry, le même qui a conçu le musée Guggenheim de Bilbao. Au Portugal, c’est vers Adega Mayor que se tournent tous les regards. Cette bodega située en Alentejo s’apparente formellement à un musée d’Art contemporain. Le riche propriétaire qui en est le maître d’£uvre a fait, lui, appel à la maestria du célèbre architecte portugais Alvaro Siza.

Mais le consommateur profite aussi d’un réseau de plus en plus étoffé de bars à vins faisant corps avec l’air du temps. Désormais, impossible d’imaginer une bonne adresse qui ne cède aux plaisirs de la table. Au programme : crus sortant des sentiers battus, grignotage inspiré par le terroir et la fusion food, décors contemporains, formules inédites, atmosphères sonores étudiées, technologie ad hoc pour la conservation des bouteilles ouvertes… Weekend vous livre ses coups de c£ur… à Bruxelles et en Wallonie.

à BRUXELLES

Oeno TK

Situé derrière l’église de la Sainte-Trinité, Oeno TK est boosté par un mobilier – étagères et tables – en OSB, un bois contreplaqué clair composé de sciures agglomérées. Un magnifique plafond très sombre ajoute à la prestance des lieux. Le décor est d’autant plus convaincant qu’il est renforcé par un éclairage rouge qui nappe le tout d’une apparence très contemporaine. On aime le côté cool de l’adresse ainsi que les petites tapas servies en accompagnement des dégustations façon charcuteries ou produits du terroir. Aux manettes, Grégory Castreuil et Laurence Lardot proposent une sélection de vins qui part tous cépages et tous azimuts. Le tout pour des vins sans £illères – on passe sans transition d’un vin de soif du Languedoc à un prestigieux Vega Sicilia espagnol – qui proviennent des quatre coins du monde. Bien vu : une machine à azote permet la conservation de bouteilles déjà ouvertes, ce qui pousse les deux associés à offrir à la dégustation des vins parfois prestigieux (des bordeaux issus du grand classement de 1855, par exemple).

Oeno TK, 29-31, rue Africaine, à 1060 Bruxelles.

Tél. : 02 534 64 34. Internet : www.oenotk.be

Caffè al Dente

Au départ, le Caffè al Dente s’affichait comme un excellent resto de quartier avec une bonne cuisine et un beau choix de flacons italiens. Poussés par les vents du changement, le Caffè s’est mué en un bar à vins – une  » enoteca  » en VO – incontournable pour qui aime l’Italie. L’adresse propose une gamme de 500 références venues des quatre coins de la Botte. On trouve bien sûr les locomotives toscanes – façon Sassicaia de la Tenuta San Guido ou le Pergole Torte – et piémontaises – La Spinetta ou Bruno Giacosa -, mais aussi des étiquettes plus pointues pour un public de connaisseurs. Chaque jour, outre l’énorme choix de bouteilles, 8 vins – 5 rouges, 2 blancs, 1  » bulles  » – sont disponibles au verre. A noter : un forfait de 10 euros seulement est appliqué sur le prix des bouteilles telles qu’on peut les acheter en magasin. Pour accompagner la dégustation, l’adresse se veut aussi trattoria, dans un esprit proche des cantines que l’on trouve à Rome. Le tableau noir livre son lot de surprises puisées au c£ur des produits de saison. Les connaisseurs – mais aussi ceux qui souhaitent être initiés à la vraie cuisine italienne – apprécieront le fait que les mets suivent la structure des repas cisalpins, à savoir antipasti, primi piatti et secondi piatti.

Caffè al Dente, 87, rue du Doyenné, à 1180 Bruxelles.

Tél. : 02 343 45 23. Internet : www.caffealdente.com

Winery

Winery, situé sur la place Brugmann, se présente comme un caviste-bar à vins dans lequel il est possible de déguster les crus – avec un droit de bouchon de 5 euros. On n’a que des éloges pour la carte des vins qui affiche plus de 250 références finement sélectionnées. Une carte audacieuse, parfaite pour découvrir de nouveaux terroirs. On y trouve de vraies perles sans pour autant que le panel se limite au sempiternel assortiment d’AOC – Appellations d’Origine Contrôlée – les plus en vue. L’endroit défend aussi quelques bouteilles nature qui, c’est assez rare pour le faire remarquer, sont ici conservées dans de bonnes conditions. Ceux qui aiment accompagner leur dégustation d’un peu de nourriture seront ravis : il est possible de grignoter pendant qu’on déguste, entre assortiments de charcuterie et de fromages affinés. Là également, le patron a choisi de tout bons producteurs.

Winery, 18, place Brugmann, à 1050 Bruxelles.

Tél. : 02 345 47 17. Internet : www.wineryonline.be

Wine in the City

Basé à Jette, Wine in the City est un nouveau concept qui se situe au croisement d’une boutique et d’un bar à vins. L’adresse se distingue par des innovations qui rompent avec l’image un peu figée de certains bars à vins traditionnels. La vitrine, par exemple, se présente comme un écran d’ordinateur permettant de surfer en live sur le site Internet du lieu. A l’intérieur, le patron, Eddy Münster, travaille en prenant l’ordre d’un repas comme fil conducteur. Ainsi, on passe d’abord par les bulles – Champagne, Cava, Prosecco… – et par les vins susceptibles d’être servis en apéritif. Viennent ensuite ceux qui accompagneront une entrée ou un poisson. Après, c’est au tour des crus s’harmonisant avec les viandes blanches, les volailles, les viandes rouges et enfin les desserts. Le tout classé, dans chaque catégorie, par puissance croissante. Plus de la moitié des 400 vins présentés sont proposés à un prix inférieur à 10 euros, avec un accent tout particulier pour les excellents rapports qualité-prix. Au fond du magasin, on trouve un espace dégustation faisant place à une très belle sélection de vins au verre avec lesquels il est possible de découvrir, en tapas ou sous forme d’assiette, quelques jolis fromages en provenance de la célèbre Petite Vache, ainsi que des bonnes charcuteries de chez Bruno, un producteur français du Sud-Ouest.

Wine in the City, 34, place Reine Astrid (dite place du Miroir), à 1090 Bruxelles. Tél. : 02 420 09 20.

Internet : www.wineinthecity.be

EN WALLONIE

Vinolubile

Sous-titré  » Melting-pot sensoriel « , Vinolubile se veut un bar à vins anticonformiste. L’adresse est parfaite pour découvrir ce que l’on appelle  » vin de vignerons « , une bouteille portant la marque d’un individu plutôt que l’intitulé générique et impersonnel d’une appellation quelle qu’elle soit. Le verre devient ici un orgue à parfums qui raconte la terre. Le conseil ? Suivre aveuglément les prescriptions du sommelier Romain Lecouvette qui connaît parfaitement son affaire. Après un apéro terroir, on peut opter pour la cuisine de Matthieu Fonteyn, un chef qui renouvelle ses suggestions presque quotidiennement. Il propose aussi une série de menus inspirés par le marché et les saisons.

Vinolubile, 26, rue Constant De Raedt, à 1300 Wavre.

Tél. : 010 24 70 24. Internet : www.vinolubile.be

L’Odyssée des Arômes

S’il ne s’agit pas à proprement parler d’un bar à vins, nous avons toutefois affaire à l’un des concepts les plus décalés et les plus intéressants en matière de vin en Belgique. Aux manettes, Laurent Mélotte, véritable puits de science sur le sujet. Ancien Food Chemistry Manager chez InBev, il a tout plaqué pour ouvrir un espace de dégustation dédié aux vins nature et aux vins bio… dans son salon. Trois fois par semaine, celui qui est également professeur de biochimie brassicole organise des dégustations ouvertes à tous autour d’un thème tel que la Loire ou les vins de barbecue. En deux ans, il s’est taillé une réputation bien méritée de spécialiste en la matière grâce à son endroit atypique mais aussi en raison de ses week-ends vignerons et de ses balades gastronomiques champignons et escargots. Il propose aussi des cours d’initiation et des ateliers à thèmes. Laurent Mélotte importe aussi des épices rares et des thés millésimés.

L’Odyssée des arômes, 22, rue Constant Wauters, à 1390 Grez-Doiceau. Tél. : 0478 82 16 36.

Internet : www.truegreatwines.com

Vino Vino

Imaginé par Marc Detraux, ancien sommelier au restaurant L’Eau Vive à Arbre, Vino Vino s’inscrit pleinement dans un esprit de bar à vins contemporain. Fidèle à sa devise  » Je débouche et restaure « , l’endroit propose une série de grignotages de terroir pour accompagner la dégustation : coppa, lomo, rillettes, jambon persillé de Bourgogne et plateau de fromages en droite ligne de La Petite Ferme – un fromager affineur réputé à Erpent. Sans oublier, l’un ou l’autre plat plus consistant. La sélection des vins passe beaucoup par la France, un peu par la Belgique et s’élargit progressivement à l’Europe. Côté décor, l’adresse tout en longueur mêle carrelages du métro parisien, murs bordeaux, bois chaleureux et cartes des régions du vin. Le tout pour une approche conviviale du genre qui envisage le vin comme un vecteur de communication et d’échanges.

Vino Vino, 61, rue des Brasseurs, à 5000 Namur.

Tél. : 081 26 00 51. Internet : www.vinovino.be

Vins par-ci, Vins par-là

A Tournai, Jean-François Damien se définit comme  » fervent défenseur de la typicité « . Dans son bar à vins, il met en évidence les vignerons dont le travail respecte les vignes et les terroirs qui les portent. Sans prétention, il accompagne ses dégustations de produits de terroir glanés dans la région. Un chèvre crémeux, un pâté bien balancé, des petits plats cuisinés façon Tripes à la Florentine viennent parfaire les arômes d’un jus du Roussillon ou d’un flacon atypique des côtes-du-rhône. Dans son adresse peuplée de crus en tout genre, Jean-François Damien se revendique des cavistes qui défendent les vins nature. Pour les non-initiés, on rappellera que ces flacons issus de la réaction de certains vignerons contre l’usage systématique dans la vigne de produits issus de l’industrie pétrochimique : désherbants, levures exogènes, engrais, médicaments systémiques… Anciennement situé rue du Pont, Vins par-ci Vins par-là déploie désormais ses ailes dans La Filature de Lin, un magnifique bâtiment autrefois industriel. Une mise en scène spectaculaire – un énorme mur de bouteilles transparentes rétro-éclairées et un beau bar central – s’affiche à la hauteur du lieu. Le détail amusant ? Le Bar à saucisses qui propose des charcuteries du terroir.

Vins par-ci, Vins par-là, 4c, rue des S£urs de Charité, à 7500 Tournai. Tél. : 069 58 19 48.

Internet : www.vinsparci.be

Michel Verlinden

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