Les Petits Riens et la griffe Natan, une rencontre qui remonte à 2003 déjà. Chaque année, le créateur Édouard Vermeulen imagine plusieurs tenues, à partir de vêtements récupérés par l’ASBL. En avant-première, voici un aperçu de ses robes qui défileront le 9 novembre prochain.

À l’arrière de la boutique Natan de l’avenue Louise, à Bruxelles, les petites mains s’affairent sur la collection couture de l’automne-hiver 12-13. Emer Leyton, 22 ans de maison, s’attelle patiemment à draper le col d’un manteau en drap de laine. À côté d’elle, patiente un énorme sac blanc contenant une série de robes, tops et autres looks divers. Autant de pièces qui ont été sélectionnées dans le centre de tri de l’ASBL Les Petits Riens, situé à Leeuw-Saint-Pierre. Là où pas moins de 5 654 tonnes de vêtements ont transité l’an dernier, grâce aux dons de la collectivité…

Cela fait maintenant dix ans que l’association met chaque année sur pied le défilé Second hand, second life, un événement caritatif auquel participent de nombreux stylistes et designers. Ces derniers sont invités à imaginer un vêtement ou un objet, à partir des matériaux collectés par Les Petits Riens. Des £uvres uniques, qui sont dévoilées lors d’un show majestueux, avant d’être vendues aux enchères.  » C’est un bel exercice créatif, qui permet en outre d’associer la maison Natan à un projet humanitaire, détaille Édouard Vermeulen, qui a fondé la griffe de luxe en 1984. Il est important de se mettre au service de la bonne cause. Et puis, ce projet répond à l’un des grands questionnements actuels : la durée de vie de nos biens de consommation. « 

Sur l’une des tables de travail de Natan, plusieurs robes de seconde main ont été déposées, à plat. Des modèles communs, comme ceux que les grandes chaînes de distribution produisent à la pelle. Des coupes simples qui serviront justement de base, de maquette, à Édouard Vermeulen et Emer Leyton. Le haut de celle-ci sera combiné au bas de celle-là. Cette tenue zippée se métamorphosera en top peplum…

À chaque fois, le vêtement sera démonté, coupé, customisé, recomposé.  » Cette recherche créative n’est pas aisée, avoue le fournisseur de la famille royale. Il est plus difficile de concevoir une pièce à partir d’une coupe déjà déterminée, d’autant plus que cela doit se faire dans le respect du textile, de la matière première. « 

Les silhouettes prennent doucement forme sur les bustes, à coups d’épingles et de rapides surfilages. Une étape indispensable, pour avoir une vue d’ensemble sur le projet. Là, c’est une jupe en daim qui se transformera probablement en cape ; un manteau de fourrure qui sera raccourci en un seyant boléro. Ici, une étoffe rebrodée de sequins sera coupée en petits morceaux, pour cacher l’imprimé d’un marcel coloré. Quant à ce manteau, bâti dans un solide cuir orange flash , il attend toujours de connaître quelle sera sa seconde vie….  » Je trouve très amusant de modifier l’usage d’un vêtement : partir d’un article de sport, par exemple, pour imaginer une pièce sophistiquée « , confie Édouard Vermeulen, qui n’hésite pas non plus à surprendre, en ajoutant des touches fluo à ses créations pour Les Petits Riens.

 » Mais qu’importe le matériau initial, nous mettons un point d’honneur à ce que le résultat soit impeccable, jusque dans les moindres détails de finition. Et ce par respect pour la cliente, qui acquiert ces pièces à un certain prix, précise le styliste, devant deux rouleaux de tissu réservés pour la princesse Alexandra de Luxembourg. Nos toilettes seront toujours de qualité, mais aussi et surtout portables.  » Pour preuve : par le passé, deux des tenues imaginées par la maison Natan ont été acquises aux enchères pour servir de robes de mariée.  » La seconde vie de ces vêtements doit être haut de gamme, conclut Édouard Vermeulen. Elle doit faire rêver… « 

Par Catherine Pleeck / Photos : Frédéric Raevens

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