Prenez et mangez-en tous

© EMMANUEL LAURENT

 » J’adore cuisiner, pour la préparation en-soi, mais aussi pour les saveurs et le partage « , nous révélait Thomas Gunzig quand nous l’avons rencontré pour réaliser ce Vif Weekend Black dédié à la bonne chère et à ses multiples facettes. Thème imposé, pour lui comme pour d’autres personnalités belges qui se sont prêtées au jeu : nous confier leurs réminiscences gustatives les plus puissantes. Soit leur version personnelle du fameux  » petit morceau de madeleine trempé dans une infusion de thé ou de tilleul « , immortalisé par Marcel Proust. Au-delà de la diversité des souvenirs et des mets qui les font remonter à la surface – la forêt-noire dans le cas de l’écrivain, la mozzarella pour Patrick Ridremont, le diabolo grenadine pour notre  » covergirl  » Tessa Dixon… – on notera des convergences frappantes. Ainsi, une figure maternelle y est souvent associée ; pas toujours nourricière au sens premier du terme, la mère ou la grand-mère revient régulièrement lorsque chacun évoque ce goût inimitable le projetant, dès la première bouchée, dans le passé. Une histoire de moments privilégiés et de complicité. Autant de valeurs faisant office de fil rouge aux pages qui suivent. En matière de cuisine, la tendance est en effet à savourer à l’unisson. Démonstration magistrale avec Humphrey, un des pionniers du genre, ou St Kilda, nouvelle venue et déjà adresse incontournable, au même titre que la centaine d’autres que nous avons testées, approuvées et compilées. Signe des temps, cette troisième édition de notre guide des meilleures tables de Bruxelles, de Wallonie et de Flandre consacre un chapitre entier au food sharing, dernier Graal de la gastronomie. Et les sociologues, craignant jusqu’il y a peu que la multiplication des régimes – low carb, végan, diète paléolithique… – pulvérise notre modèle de convivialité, d’être soulagés. Aujourd’hui, ils ne peuvent qu’applaudir le retour en grâce de cette communion jouissive qu’est le repas à la bonne franquette. Que Claude Fischler, qui publiait en 2013 Les alimentations particulières : mangerons-nous encore ensemble demain ? , soit donc apaisé . L’époque n’est heureusement plus à l’affirmation de soi par le biais de son assiette mais, au contraire, au regroupement des différentes tribus autour d’un plat unique, dans lequel les invités se servent de concert. Et partagent bien davantage que l’addition.

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delphine.kindermans@levif.be

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