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© emmanuel laurent

Secteur toujours un peu confidentiel malgré un intérêt croissant, le design peine encore souvent à trouver écho auprès du grand public, qui n’en connaît que les stars et figures emblématiques, Le Corbusier, les Eames, Starck, voire, dans le meilleur des cas, Patricia Urquiola. Personne ne s’étonnera donc que notre Designer de l’année soit une parfaite inconnue pour bon nombre de nos lecteurs. Une particularité qui tient précisément au caractère assez pointu de la discipline et a aussi permis à notre jury de récompenser un jeune talent, sa démarche et son parcours récent, sans être parasité par des contingences commerciales ou de vains concours de popularité – la course aux sponsors ou aux likes, on préfère éviter.

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Pourtant, c’est vrai, l’époque a changé. Après une décennie de créateurs prolifiques et plutôt versés dans la production industrielle au sens classique, a émergé une nouvelle ère peuplée de noms plus singuliers dans leur approche du métier. Marina Bauthier avait lancé son label et ouvert un point de vente dans notre capitale, Unfold a mené des recherches pionnières en matière d’impression 3D, Frederik Delbart a offert ses services à un fabricant historique de sa ville natale, qu’il a largement contribué à redynamiser… Autant de lauréats des précédentes éditions avec qui Linde Freya Tangelder partage une certaine audace, un parti pris, une réelle détermination. Car cette Néerlandaise, Bruxelloise d’adoption, mène sa barque comme elle l’entend. Sa cote monte en flèche dans les galeries ? Ça ne l’empêche pas de proposer des petits articles à prix réduit. Bravant le courroux des puristes, elle va jusqu’à refuser de choisir entre art et design, ou d’opérer une distinction nette entre les deux, se désintéressant d’un débat immémorial, alors même que des palanquées de spécialistes s’écharpent régulièrement sur le sujet. Mieux : quand elle piétine d’un pas leste frontières et lignes de démarcation, Linde Freya Tangelder a le bon goût de nous épargner de fumeuses surinterprétations, mettant le verbiage de côté pour laisser ses seuls objets s’exprimer.

En fondant son studio, et en l’appelant Destroyers/Builders, elle révèle à la fois l’envie d’être son propre patron, et une volonté de déconstruire l’existant pour le remodeler à sa guise. Elle rappelle ces Millennials que l’ancien monde regarde avec un mélange d’admiration et de stupeur, sous prétexte qu’ils n’acceptent pas de s’enchaîner quarante ans à un employeur. Digne représentante d’une génération qui désire imposer son style et ses façons, sans constamment demander la permission, elle est free et elle a tout compris.

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