Tendre fuite

C’est un jeune homme tout en longueur qui n’a pas l’air de prendre le monde au sérieux et dont la silhouette évoque un peu celle de Jacques Tati. Né à Cholet (France) en 1983, Jean Jullien vit à Londres. Cette ville foisonnante lui va comme un gant, lui qui a placé son oeuvre sous le signe de l’observation. Dessinateur et illustrateur, il jette un regard frais et tendre sur l’existence. On ne compte plus ses collaborations, ni les supports qu’il investit (de l’affiche au luminaire, en passant par le  » tote bag « ), qu’il s’agisse de la Tate Modern, de Samsung, de vêtements pour une marque coréenne ou encore d’un récent partenariat avec Petit Bateau. Son travail s’est largement diffusé dans le public, notamment via les réseaux sociaux (il compte 1 million d’abonnés sur Instagram ! ). On se rappelle que Jullien a beaucoup fait parler de lui au moment des attentats de Paris, signant deux dessins emblématiques (l’un représentant un fusil mitrailleur s’opposant à un crayon, l’autre détournant la tour Eiffel pour la mettre au centre du symbole  » peace and love « ). On n’est donc pas surpris de le voir débarquer une seconde fois chez Alice Gallery, espace d’exposition bruxellois qui s’est fait une spécialité des artistes qui se taillent une carrière loin des musées et du marché officiel de l’art. Petrichor (un nom étrange qui désigne  » l’odeur caractéristique qui accompagne la pluie et émane de la terre, en particulier après une période de temps sec et chaud « ) aligne des paysages qui invitent à la contemplation. Un père et un enfant arpentant une plage déserte, le bleu de l’océan qui se devine à travers un palmier, des vacanciers savourant un temps inutile en bord de mer… autant de compositions qui viennent dénicher en nous le goût de l’escapisme. Particulièrement au moment où le ciel a plus que jamais des allures de couvercle posé au-dessus de nos têtes.