Une anger room

© Letizia Camboni

J’avoue tout, monsieur le juge, je suis une sacrée colérique. Ou tout du moins je l’étais. Après des années à me fâcher tout rouge, j’ai enfin appris à dominer cette émotion qui peut tout vous faire faire. Tout, mais surtout n’importe quoi. Croyez-moi, il m’est arrivé de piquer des crises qui feraient passer Hulk pour un petit pois à peine pubère avec un vilain syndrome prémenstruel. Je suis heureusement bien plus calme aujourd’hui, même si de temps en temps je gronde encore un peu. Ce qui m’a aidée ? Prendre du recul, au propre comme au figuré, faire  » physiquement  » un pas en arrière et patienter quelques secondes avant de donner libre cours à ma fureur. Ça contribue, si pas à la contenir, à l’atténuer grandement.

Le banc d’essai de cette semaine semble donc parfait pour les gens comme moi : une  » anger room « , autrement dit une salle mise à votre disposition pour libérer votre courroux et laisser votre rage s’exprimer.  » Comment ?  » me direz-vous. Eh bien de manière qui ne nécessite pas vraiment de mode d’emploi : après vous avoir confié une batte de base-ball, l’on vous met dans une pièce remplie d’objets sur lesquels vous venger. Celle que j’ai testée se situe en France mais il en existe depuis peu une en Belgique, du côté de Bruges. J’ai d’abord été bien équipée : une combinaison type tenue de hockey, un casque, des gants et des lunettes, afin d’éviter toute blessure. Ce qui peut arriver quand vous explosez joyeusement une vieille télévision ou un bureau en bois. Une fois dans la  » room « , j’ai longtemps hésité, se laisser aller à tant de destruction exige un certain dépassement de soi. Je me suis néanmoins prise au jeu, j’ai démoli un écran, une chaise et un vieux vaisselier déjà mal en point avec des assiettes dedans. Si sur le moment il y avait quelque chose de jouissif, je ne peux pas dire être ressortie plus épanouie de cette expérience. Cela m’avait semblé marrant au début, ça l’a été beaucoup moins après avoir constaté l’ampleur du chaos provoqué. Je me suis trouvée un peu bestiale, un peu sauvage, cela ne m’a pas fait sentir particulièrement fière de moi. Je ne suis même pas sûre d’avoir quitté les lieux plus sereine, j’étais juste plus fatiguée.

Je crois que ce genre d’endroit peut être fréquenté une fois comme ça, pour évacuer la colère de manière symbolique, tout en tentant de la résoudre durablement avec des méthodes plus douces de travail sur soi, comme une thérapie ou de la méditation. Il existe différentes formules dont les prix varient, à vous d’aller jeter un coup d’oeil sur le site et de bien faire la part des choses entre activité ludique et catharsis pas forcément très saine. My two cents. Je vous laisse juger.

www.rageroomwreckit.be

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