Vibrants rigodons

C’est une entrée en matière fracassante que propose Danser brut, la dernière exposition du LaM à Villeneuve-d’Ascq. Le visiteur traverse seul un espace obscur. Une brume flotte autour de lui. Des rayons de lumière projettent les mouvements de son corps sur les murs. Simple, l’effet relève de ces alchimies qui transforment le plomb en or : le marcheur devient un danseur à lui-même inconnu. Les contours lumineux attestent ce que l’on oublie trop souvent, à savoir que vivre c’est danser. Plus loin, c’est un manège enchanté qui se dévoile. Il évoque une valse interminable, un vertige de couleurs dont il est difficile de s’arracher. Eloge du mouvement, cette proposition que pour peu l’on qualifierait de » chorégraphique » examine la danse dans tous ses états. A travers plusieurs centaines d’oeuvres appartenant à des registres variés (art contemporain, art brut, cinéma, musique…), l’oeil est invité à identifier ce qui fait la spécificité de cette discipline. Quand commence-t-on à danser ? Quel est le sens de ces enchaînements ? Pour prendre la mesure de l’importance de cette poésie du bouger, il faut se rappeler des pages que l’écrivain Louis-Ferdinand Céline lui a consacrées. » Dans une jambe de danseuse le monde, ses ondes, tous ses rythmes, ses folies, ses voeux sont inscrits ! … Jamais écrits ! … Le plus nuancé poème du monde ! … Emouvant ! (…) Tout ! Le poème inouï, chaud et fragile comme une jambe de danseuse en mouvant équilibre est en ligne, (…) aux écoutes du plus grand secret, c’est Dieu ! C’est Dieu lui-même ! » Sans oublier que l’expression du corps n’est pas seulement maîtrise et harmonie, Danser Brut évoque aussi la transe, ce cri du corps. Qu’il s’agisse de la gestuelle des maladies nerveuses ou des hystéries incontrôlables, la danse nous écrit.
Danser Brut, LaM, 1, allée du Musée, à 59650 Villeneuve-d’Ascq. www.musee-lam.fr Jusqu’au 6 janvier prochain.
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