« Hélène, je m’appelle Hélène »: le destin fulgurant et improbable d’une chanson française en Chine

L'actrice de la célèbre sitcom Hélène et les garçons, devant son public pékinois, le 13 décembre 2015 © Belga Image

« Hélène, je m’appelle Hélène, je suis une fille comme les autres… » A Pékin, dans l’enceinte surréaliste d’un bâtiment stalinien coiffé d’une étoile rouge communiste, Hélène Rollès a interprété dimanche le titre « romantique » de la sitcom qui l’a révélée 23 ans plus tôt, lors du dernier concert de son improbable tournée chinoise.

Si la chanteuse, qui aura 49 ans dans quelques jours, est quasi inconnue en Chine, la chanson-phare d' »Hélène et les garçons », série-culte diffusée en France entre 1992 et 1994, y jouit d’une incroyable popularité.

Des cafés pékinois branchés aux épiceries des campagnes, en passant par les centres commerciaux clinquants de Shanghai, « Je m’appelle Hélène », son succès de 1993, résonne partout: il s’agit, avec La Vie en rose d’Edith Piaf et Lolita d’Alizée, d’une des plus emblématiques chansons françaises en Chine.

« Les Chinois ne s’en lassent pas », s’étonne Hélène à l’issue de son concert pékinois, donné au Centre des Expositions devant un public majoritairement féminin et familial d’environ 500 personnes. « On suppose que ce sont des étudiants chinois en France qui, une fois rentrés en Chine, l’ont popularisée. »

Dans les années 1990, Hélène était la vedette d’AB Productions – principal fournisseur de la chaîne TF1 en séries populaires – et faisait la couverture d’innombrables magazines. Hélène et les garçons, dont elle était l’actrice principale, a généré plusieurs « suites », toujours avec Hélène Rollès qui, après une éclipse, a fait un retour en 2011 dans une nouvelle série, Les Mystères de l’amour, diffusée sur TMC.

Jusqu’à 184 euros le billet

« C’est dingue, quand on est petit, la Chine c’est le bout du monde, et là, on y est », s’enthousiasmait Hélène. « C’est un pays qui m’attire, plein de contrastes. Les Chinois sont extrêmement gentils, très humains. » Les grandes tournées d’artistes français sont rarissimes dans ce pays, où seul le pianiste néo-classique Richard Clayderman remplit les salles depuis 30 ans.

Alors que le chanteur britannique Robbie Williams et le groupe pop-rock américain Maroon5 ont dû annuler leurs concerts en Chine cette année, Hélène y a enchaîné 14 dates dans de grandes villes, certains spectateurs déboursant jusqu’à 1.280 yuans (184 euros) pour un ticket « VIP ».

Le principal site chinois de réservation de billets la présentait comme la « Teresa Teng française », en référence à la légende adulée de la variété chinoise des années 80-90, dont elle a d’ailleurs interprété dimanche – en mandarin – l’un des grands succès.

un public sous le charme
un public sous le charme© Belga Image

« Quand j’écoute les chansons romantiques d’Hélène, j’ai l’impression d’être sur les Champs-Elysées en train de boire un café », s’enflamme Qiao Jia, une jeune spectatrice. « Ses mélodies me transportent dans un conte de fées », renchérit sa voisine Hu Caimei, tandis qu’une étudiante en français, Zhong Tianhui, dit aimer ses chansons car « les paroles sont simples à comprendre ». « En 2006, j’ai entendu l’une de ses chansons dans un restaurant et j’ai immédiatement téléchargé tout son répertoire, que j’ai écouté durant mes vacances. C’était inoubliable », se remémore Mme Wang Hua, une quadragénaire.

« Joli lotus »

La Chine n’est pas inconnue à Hélène, rappelle Jean-Luc Azoulay, son producteur: « En 1990, (l’animatrice d’émissions jeunesse) Dorothée a chanté dans un stade à Shanghai devant 30.000 personnes, un triomphe relayé par la télévision chinoise. En première partie, nous avions présenté une jeune chanteuse qui débutait: Hélène ».

Et Hélène avait également chanté début 2014 pour le gala télévisé du Nouvel An chinois de Pékin TV. « Nous prévoyons déjà une autre tournée l’année prochaine, ainsi qu’un album destiné à la Chine. Dedans, il y aura huit chansons en chinois », assure M. Azoulay. « Je suis très motivée pour apprendre la langue », explique Hélène, dont le nom chinois, « Yilian », pourrait se traduire par « (Joli) lotus ».

Certes, des concerts sont prévus en Russie et en France, mais elle « reviendra très souvent en Chine » pour revoir ses fans. « Sa voix a la capacité d’émouvoir les gens », explique Han Xue, une quadragénaire qui montre fièrement sur son smartphone une vidéo de son fils avec en fond sonore un titre d’Hélène… Ségara, une autre chanteuse française.

La notoriété d’Hélène Rollès reste à construire en Chine, convient son agente Ye Beilei. « Je me suis vue fermer beaucoup de portes, personne ne connaissait Hélène. Cette tournée était un premier pas, il reste beaucoup à faire pour créer le buzz! »

© Belga Image

Et pour se souvenir de quoi on parle, le clip magnifique de l’époque :

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>>> Sur le sujet, c’est l’occasion de (re)voir le reportage de Philippe Cornet, dès 1993, décrypte 1993, le phénomène Hélène et les garçons dans

>>> « Hélène et les garçons », une recette AB Productions

« AB productions produit tous les sitcoms des émissions jeunesse de TF1 : « Premier baiser », « Salut les Musclés » et « Hélène et les garçons ». Malgré tout le bien que le producteur Jean-Luc Azoulay dit de son sitcom et de sa vedette, cette Hélène est-elle réellement un modèle crédible pour les jeunes adolescentes ? Réponse avec son employeur, ses amis et ses fans… »

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