« Untold stories » ce que l’expo consacrée à Peter Lindbergh dit de lui

Sasha Pivovarova, Steffy Argelich, Kirsten Owen, Guinevere van Seenus, Brooklyn, 2015. © PETER LINDBERGH / COURTESY PETER LINDBERGH FOUDNATION
Wim Denolf Journaliste Knack Weekend

Untold Stories, la première exposition belge du photographe de mode et «parrain des top-modèles» Peter Lindbergh, décédé en 2019, ouvre ses portes le 15 décembre à Bruxelles.

Benjamin (41 ans), le fils du photographe et président de la Fondation Peter Lindbergh, a travaillé à ses côtés pendant de nombreuses années.

«Mon père a travaillé sur cette exposition jour et nuit pendant les deux dernières années de sa vie. A l’époque, le Kunstpalast, à Düsseldorf, lui avait demandé de livrer son propre regard sur son travail, et il a donc également imaginé Untold Stories. Cette introspection lui plaisait beaucoup et il disait souvent qu’il se redécouvrait en tant que photographe et en tant qu’être humain. Il a dû se replonger dans plus de quarante ans d’archives, dont des clichés qu’il avait oubliés depuis longtemps. C’est comme demander à un enfant de se promener dans un magasin de bonbons, puis d’en sélectionner seulement quelques-uns. C’est impossible. Pourtant, rien ne l’a découragé, pas même le cancer qui l’a emporté cinq mois avant l’ouverture de l’exposition. La scénographie, le regroupement des photos et leurs dimensions: tout a été réglé à la perfection.

Pour mon père, la mode était secondaire. Le cœur de son travail, c’était les femmes qu’il photographiait et leur personnalité. Il a immortalisé des mannequins comme Naomi Campbell, Kate Moss, Cindy Crawford et Linda Evangelista non pas comme des femmes-objets dans un quelconque rôle, mais comme de vraies personnes en chair et en os. Cet œil pour la beauté naturelle, sans fioritures, a fait de lui une exception dans le monde de la mode des années 80. Des rédactrices en chef visionnaires comme Franca Sozzani, de Vogue Italia, l’ont laissé s’exprimer comme il le souhaitait, mais le Vogue américain n’a pas eu de déclic avant l’arrivée d’Anna Wintour à la fin des eighties. «C’est exactement ce dont nous avons besoin pour libérer les femmes et en finir avec le patriarcat», a-t-elle déclaré lorsqu’elle a découvert son travail.

S’il y a quelque chose qui le caractérisait, c’était ses convictions: il allait au bout de sa vision sans faire de compromis. Sans cette rigueur, il n’aurait jamais eu une carrière aussi impressionnante, et encore moins un tel impact sur la photographie de mode. Pourtant, tous ceux qui ont travaillé avec lui vous diront que c’était un homme doux et généreux. C’est là le secret de ses photographies: les modèles se sentaient immédiatement à l’aise et en sécurité avec lui, ce qui les incitait également à dévoiler leur vulnérabilité et leur personnalité.»

Expo jusqu’au 14 mai 2023. peterlindbergh-brussels.com

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