Comment la baisse de votre pouvoir d’achat met votre libido en berne
Entre hausse du prix de l’énergie et baisse du pouvoir d’achat, la situation financière de nombre de ménages est en berne. Tout comme leur libido: sans surprise, l’impact de la crise actuelle s’avère aussi délétère pour les relations amoureuses et sexuelles.
Si le lien entre pouvoir d’achat en baisse et libido en berne n’est pas vraiment surprenant, sa mise en perspective, elle, l’est: selon le dernier rapport annuel de la plateforme dédiée au bien-être sexuel Hims, la crise économique actuelle aurait un effet encore plus dommageable que la pandémie sur la libido et le couple. Lesquels, déjà mis à mal par des mois de (re)confinement, télétravail et autre école à domicile, doivent désormais affronter de nouveaux obstacles. Difficile, en effet, par les temps qui courent, de trouver l’espace mental pour penser à autre chose que les factures à payer, le prix du caddie hebdomadaire qui grimpe aussi vite que celui de la facture énergétique et les salaires qui, eux, restent à la traîne. Un contexte de stress accru, qui laisse peu de place au reste, à commencer par la bagatelle.
« Plus le coût de la vie grimpe, plus la libido dégringole. L’anxiété liée au pouvoir d’achat invite au repli sur soi, et de plus en plus de gens préfèrent se concentrer sur eux plutôt que sur (la recherche d’)un partenaire »
Hims
Et les auteurs du rapport de souligner qu’alors qu’on « pensait tous que la sinistrose liée à la pandémie et à la distanciation sociale aurait un impact négatif sur le sexe et les relations, dans les faits, le même pourcentage de gens se disaient satisfaits de leur vie sexuelle pré- et post-COVID ». Par contre, à l’heure actuelle, « près de la moitié (42%) des répondants avouent qu’au moins un facteur économique ou sociétal a impacté négativement leur vie sexuelle au cours de l’année écoulée, le motif principal évoqué étant la crise du pouvoir d’achat ». En outre, 15% des personnes interrogées disent être moins en recherche d’une relation, tandis que 13% affirment ne plus avoir de rapports sexuels du tout, « parce que les choses sont déjà suffisamment compliquées comme ça ».
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Le lien étroit entre libido et pouvoir d’achat
Un mécanisme contre-productif, quand on sait qu’ainsi que le rappelle Magali Croset-Calisto, sexologue clinicienne et auteure du livre Moins de stress grâce au sexe, dès deux rapports sexuels par semaine, « des études ont prouvé que le sexe va renforcer le système immunitaire » mais aussi à une baisse du taux de cortisol, dite hormone du stress ainsi qu’à une production augmentée de dopamine ou de testostérone, qui peuvent avoir un effet antidépresseur? Peut-être, mais sans jeu de mots graveleux, c’est un cas classique du serpent qui se mord la queue: si la libido allait mieux, on serait moins stressés, mais quand on stresse, on a la libido en berne.
« Quand on est soumis à un stress, il est difficile de s’abandonner aux caresses et aux attouchements. Les femmes sont les premières victimes, car elles peinent plus à gérer leurs émotions que les hommes. Un trop-plein de stress évite la montée de la libido, engendre la frigidité et empêche la montée d’orgasme. Chez l’homme, il va provoquer des problèmes d’érection, une éjaculation précoce ou encore une absence de plaisir » égrènent les experts de l’École du Stress. Qui pointent le cercle vicieux qui peut se mettre en place: « être stressé peut entraver la dilatation des vaisseaux, qui jouent un rôle essentiel dans l’excitation sexuelle. Il y a aura donc un cercle vicieux qui se mettra en place : vous êtes stressé, vous constatez une panne, ce souvenir vous stressera encore plus, et ainsi de suite ».
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De son côté, l’éducatrice sexuelle Alix Fox, invitée à commenter les données recueillies par Hims, constate l’inéluctable: « si votre situation financière est instable, vous pousse à travailler jusqu’à l’épuisement et que votre santé pâtit de la baisse de votre pouvoir d’achat, il est normal que vous ayez moins de temps à consacrer au sexe – et moins d’envie d’en ménager ».
Ou, comme l’explique Sara Mathieu-C., chercheuse en santé sexuelle affiliée au Club Sexu, « la récession pourrait laisser plus de temps au couple, parce qu’il y aurait moins de distractions matérielles, mais le bien-être demande une certaine aisance financière ». Mais alors quoi, on jette bébé avec l’eau du bain? Avec ce qu’il en coûte aujourd’hui de chauffer de l’eau, ce serait tragique.
L’envie d’avoir envie
Du côté de la plateforme de téléconsultation en sexologie Mia, on pointe que « le stress est en réalité un état psychique de détresse émotionnelle ou d’anxiété, qui modifie les sécrétions hormonales dans notre cerveau. Les mêmes neurotransmetteurs impliqués dans le stress et l’anxiété sont impliqués dans la sexualité et le bien-être : il faut donc chercher à provoquer les situations qui dopent leurs sécrétions ».
Comment? Notamment, par le biais de l’alimentation, le zinc permettant notamment de booster certaines sécrétions hormonales, tandis que des plantes telles que la camomille sont réputées pour leurs effets relaxants. S’astreindre à une pratique sportive peut également avoir des effets bénéfiques sur l’anxiété, puisque le sport pousse le corps à sécreter des hormones propices au bien-être.
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Et Magali Crosnet-Calisto de marteler que » ce qu’il faut comprendre, c’est que plus on fait l’amour et moins on est stressé(e), et moins on est stressé(e) plus on fait l’amour. Par tous les moyens, il s’agit donc d’inverser la tendance afin de favoriser ce cycle vertueux ».
Par exemple, en prévoyant à l’avance un moment dédié, en solo ou avec son partenaire. Mais aussi et surtout en suivant le conseil de Michelle Boiron, thérapeute de couple et sexologue, qui rappelle que « la perte du plaisir et du désir ne sont pas inéluctables tant que l’on n’a pas renoncé et que l’on est animé par des pulsions de vie. On peut être en panne de libido, de désir mais la seule question à se poser est: «Avez vous envie d’avoir envie? » Et d’inventer son couple ». Parce qu’après tout, rêver, c’est encore gratuit.
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