Déjà une centaine de sites du patrimoine ukrainien endommagés

Cathédrale Sainte Sophie de Kiev, photographiée ici en 2018

La barre des 100 sites du patrimoine ukrainien endommagés ou totalement détruits depuis le début de l’offensive militaire russe en Ukraine le 24 février est sur le point d’être franchie, alerte le directeur du centre du patrimoine mondial de l’Unesco dans un entretien à l’AFP mercredi.

Signataires de la convention de la Haye de 1954, l’Ukraine et la Russie ont l’obligation de protéger le patrimoine culturel en cas de conflit armé, souligne le Camerounais Lazare Eloundou Assomo, rappelant que la « destruction délibérée de sites marqués par l’emblème bleu » de la convention peut être considérée comme un crime de guerre.

Quel bilan peut-on faire au 13 avril ?

La barre des 100 sites endommagés ou totalement détruits va être franchie jeudi ou vendredi, nous sommes ce matin à 98 sites et monuments recensés dans huit régions du pays.

Parmi ces sites, il y a des monuments historiques, certains qui datent du XI, XIIe siècle et d’autres à l’architecture de l’époque soviétique du début du 20e siècle, on a également des églises, des cathédrales, avec des objets liturgiques uniques, des théâtres, comme celui de Marioupol, des bibliothèques et d’autres bâtiments d’archives, des monuments construits à la gloire de l’histoire de l’Ukraine.

En images: Voici à quoi ressemblait l’Ukraine, avant la guerre

Château de Kamianets-Podilskyi construit au 14e siècle dans la ville du même nom
Château de Kamianets-Podilskyi construit au 14e siècle dans la ville du même nom© Getty Images

Le bilan pourrait encore s’alourdir : il y a des villes qui commencent à être accessibles et où l’on commence à voir que les dommages peuvent avoir été beaucoup plus graves que ce qu’on imaginait, et il y a d’autres endroits où les combats se sont intensifiés ou vont s’intensifier dans les prochains jours, donc nous sommes toujours très préoccupés.

C’est dramatique, c’est toute une histoire, toute une identité, qui est affectée par ces destructions. Certains de ces sites et de ces monuments mettront du temps à être reconstruits et d’autres ne pourront probablement pas l’être.

La guerre se poursuit et certaines zones restent inaccessibles. Comment procédez-vous au recensement des sites ?

Des informations nous remontent des autorités ukrainiennes, nous les croisons avec des informations qui nous parviennent des professionnels du patrimoine et avec celles de la presse sur le terrain. Nous avons également un partenariat avec Unitar-Unosat, le centre satellitaire de l’Onu, ce qui nous permet d’avoir des photos satellites. Avec la transposition de toutes ces informations nous arrivons à confirmer l’état de dégradation des sites en question.

La meilleure vérification des dommages reste bien évidemment de se rendre sur le terrain, ce que nous faisons est une vérification de première étape.

Concernant les sept sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, ils n’ont pour l’instant pas été endommagés, selon les informations que nous avons.

Quelles sont les mesures mises en place pour prévenir les destructions et bombardements ?

Nous sommes en contact étroit avec les professionnels ukrainiens qui prennent tous les jours des risques pour sauvegarder leur Histoire et le patrimoine. Nous leur délivrons des conseils techniques et des équipements, pour parer par exemple à des incendies et à des bombardements.

En situation de guerre, il y a des trafics qui peuvent se mettre en place, c’est pour cela que l’Unesco a appelé à ce que les pays, notamment frontaliers, soient vigilants sur le patrimoine, les objets culturels, qui pourraient venir d’Ukraine, nous travaillons avec Interpol et avec nos partenaires pour prévenir cela.

Comme nous l’avons récemment rappelé, l’Ukraine et la Russie ont toutes les deux signé la convention de la Haye de 1954 et ont donc l’obligation de protéger le patrimoine culturel en cas de conflit armé.

Cette convention prévoit notamment qu’en cas d’hostilités, les bâtiments soient marqués avec l’emblème de la convention de 1954 – un bouclier bleu – et que ces bâtiments ne puissent ni être ciblés intentionnellement ni être victimes collatérales des combats ou des bombardements.

C’est une violation du droit international, et ça peut aussi être considéré comme un crime de guerre, c’est pour cela que nous avons encouragé et que nous assistons les autorités ukrainiennes à faire ce marquage là, ce qu’ils ont commencé à faire à Kiev. »

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