Trois parcs nationaux d’exception, vus par ceux qui les connaissent le mieux, bons plans inclus

Le lama sauvage de Patagonie chilienne est l’un des animaux présentés dans la série Netflix intitulée Parcs nationaux, ces merveilles du monde. © NETFLIX

Alors que deux parcs nationaux wallons viennent de voir le jour et qu’une série racontée par Barack Obama est l’un des cartons de ces douze derniers mois sur Netflix, zoom sur trois havres de biodiversité en compagnie d’experts qui les connaissent sur le bout des semelles.

Lancée sur la plate-forme de streaming au printemps dernier, la série documentaire Parcs nationaux, ces merveilles du monde a conquis les adeptes de Netflix pour deux raisons. D’abord parce que c’est Barack Obama en personne qui prête sa voix à cet étalage d’images époustouflantes. Ensuite parce que le menu est dingue: on se promène aussi bien en Patagonie chilienne que dans le Tsavo kenyan, en passant par la Grande barrière de corail ou la nature luxuriante du Gunung Leuser en Indonésie. Un voyage extraordinaire, réalisé par l’ex-producteur de la BBC James Honeyborne, qui nous explique pourquoi les parcs nationaux sont aujourd’hui sous les projecteurs: «Ils représentent une portion de nature sauvage et nous ressentons le besoin de les protéger. Et non, on ne les menace pas en attirant l’attention sur eux, car leur statut implique une réglementation, des plans de maintenance et une certaine forme d’optimisme. Si on ne prend pas soin de tels territoires, ils courent le risque d’être détruits. Les gens en sont conscients aujourd’hui.»

Les férus de nature le savent aussi: chez nous, le parc national de Haute Campine n’est désormais plus seul, puisque la Vallée de la Semois et l’Entre-Sambre-et-Meuse viennent de le rejoindre sur la courte mais encourageante liste des parcs nationaux belges. En même temps, en librairie, Les 150 plus beaux parcs nationaux d’Europe (Ulysse) recense ces incroyables zones de biodiversité de notre continent où il est possible de randonner, de faire du vélo, de l’escalade ou du kayak en faisant (très) attention à la nature environnante. Autant dire qu’en ce moment, les sentiers de ces parcs merveilleux sont très courus. Nous avons ici choisi d’en visiter trois en compagnie d’experts qui confessent leurs précieux conseils pour rendre la balade parfaite.

Joshua Tree, Etats-Unis
Joshua Tree, Etats-Unis © josh-mccausland / UNSPLASH

Joshua Tree, Etats-Unis

Dans le sud de l’Etat de Californie, à un peu plus de deux heures de route de Los Angeles.
SUPERFICIE 321 000 hectares.
NATURE REMARQUABLE Deux paysages de désert, le Colorado Desert et le Mojave Desert.
ARBRE Le parc doit son nom au Yucca brevifolia. Les arbres de Josué sont des yuccas épineux en forme d’arbre.
NOUVEAUTÉ Depuis l’année dernière, le parc offre un centre d’accueil des visiteurs, le Joshua Tree Cultural Center avec un musée (expositions sur le parc) et une boutique (vaste collection de livres).

Stephanie et Jeremy Puglisi ont rédigé le livre Where should we camp next? National parks (uniquement disponible en anglais pour l’instant), rempli de conseils pour camper dans les parcs américains.

Peut-on camper dans tous les parcs nationaux américains?

«Ils ont des réglementations indépendantes les unes des autres. Parfois on peut, parfois c’est interdit. Parfois il faut réserver, parfois ça fonctionne sur le principe du premier arrivé, premier servi. Ça peut être assez déroutant, c’est pour cela que nous avons écrit un livre sur le sujet.»

Combien ça coûte de camper dans un parc national?

«Ça varie. Entre 30 et 80 dollars environ par tente ou par campeur par nuit.»

Qu’est-ce qui rend une nuitée dans ce parc-là si spéciale?

«On a le sentiment de camper sur une autre planète. Avec ces rochers, on dirait qu’on dort sur la Lune, et non en Californie. Joshua Tree est aussi un endroit parfait pour regarder les étoiles, une activité officielle du parc.»

A ne pas rater?

«L’escalade des rochers figure dans la to-do list. Le parc est célèbre pour ses pierres et ses rochers aux formes étranges, morcelés en «boulders». On trouve plus d’infos sur le parc sur son site web.

La meilleure période pour le visiter?

«L’automne ou le printemps. Les étés sont trop chauds et beaucoup d’installations sont fermées à cette saison.»

Faut-il réserver pour camper dans le parc?

«Oui, via le site recreation.gov. Il y a aussi trois sites de camping où l’on peut tenter sa chance, mais il ne faut pas oublier que le Joshua Tree est un parc populaire, et c’est un euphémisme.»

Quels campings conseillez-vous?

«Le Jumbo Rocks Campground, l’Indian Cove Campground et le Ryan Campground sont nos préférés. Ce dernier est petit et agréable, il n’y a que 31 places et on dort sous les Joshua trees.»

nps.gov/jotr/index.htm

La Vjosa, Albanie
La Vjosa, Albanie © albina shehetila / UNSPLASH

La Vjosa, Albanie

De la frontière avec la Grèce dans le sud jusqu’à la côte adriatique à l’ouest.
SUPERFICIE 13 000 hectares.
MAMMIFÈRES REMARQUABLES Ours brun, loutre, loup et lynx.
OISEAUX Vautours, pélican frisé, flamant rose.
NOUVEAUTÉ La Vjosa a été reconnue parc national en mars dernier après des années de lutte des habitants contre un projet de centrales hydroélectriques.

Arben Molla gère Liria Travel, un tour-opérateur belge qui organise principalement des voyages en Albanie. Il est originaire du pays, où il passe au moins la moitié de l’année.

Pourquoi le statut de parc national accordé à la Vjosa est une nouvelle si importante?

«Les habitants – avec l’aide d’organisations comme Patagonia – se sont battus pendant dix ans pour ça. Il y avait un plan de centrales hydrauliques. Celles-ci auraient altéré l’écosystème, mais elles auraient aussi apporté une prospérité économique. Lorsque des stars comme Leonardo DiCaprio ont abordé le problème sur Instagram, tout s’est emballé. On espère que le parc fera venir des touristes qui, à leur tour, compenseront les pertes économiques.»

Pourquoi faut-il y aller?

«Tout d’abord parce que la nature y est à couper le souffle. A certains endroits, la rivière a une largeur de deux kilomètres et l’on est entouré de collines verdoyantes aussi loin qu’on puisse voir. Maintenant que le statut de parc national est accordé, le gouvernement a des projets pour des infrastructures supplémentaires et cela demandera peut-être d’en payer l’accès. La Vjosa est déjà une destination prisée de tous les Albanais. On estime que dans cinq ans, le tourisme aura doublé… donc je n’attendrais pas trop!»

Comment on y arrive?

«Avec un vol direct vers la capitale Tirana et, de là, en roulant quelques heures en voiture.»

Des endroits à ne pas rater?

«Përmet et Apollonia. Le premier est une petite ville au bord du fleuve Vjosa, un point de départ idéal pour faire du rafting, du vélo, des balades… Et dans le deuxième, se trouvent aussi des ruines de la Grèce antique.»

Un dernier conseil?

«Visiter la Farma Sotira, une ferme où se cultive à peu près tout ce que vous pouvez imaginer, des légumes au raisin, avec aussi des poules et des moutons.»

L’Albanie est-elle une destination touristique sous- estimée?

«Avant, oui, certainement, mais le tourisme est en train d’exploser. On construit des routes, des hôtels… L’ADN touristique change à toute vitesse. On peut comparer ça à la Croatie d’il y a dix ans.»

Quel cliché sur le pays faut-il démonter?

«Beaucoup de gens imaginent l’Albanie comme un pays communiste, avec des bâtiments à la Tchernobyl, ce genre de choses. Mais le communisme fait partie de notre passé, ce n’est plus du tout l’Albanie d’aujourd’hui.»

liriatravel.be, vjosanationalpark.al

Zuid-Kennemerland, Pays-Bas
Zuid-Kennemerland, Pays-Bas © ISOPIX

Zuid-Kennemerland, Pays-Bas

Entre la mer du Nord et Haarlem, près de la station balnéaire Bloemendaal aan Zee, à l’ouest d’Amsterdam.
SUPERFICIE 3 800 hectares.
MAMMIFÈRES REMARQUABLES Cheval de race Konik, bison d’Europe, daim.
OISEAUX Pie-grièche grise, tarier pâtre, bergeronnette grise, accenteur mouchet.
FLORE Gentiane amère, parnassie, argousier, fusain sauvage, violette de Curtis.
NOUVEAUTÉ En mars, s’ouvrent 150 nouveaux sentiers de promenade.

Marieke Schatteleijn est garde-forestière, elle possède son émission «nature» sur une chaîne néerlandaise et a rédigé un livre sur les parcs nationaux de son pays.

Vous avez signé avec l’historien de l’art Marcel van Ool un livre sur l’ensemble des parcs nationaux des Pays-Bas. Combien y en a-t-il?

«Vingt-et-un. Nous en avons choisi un en plus qui est en train d’être créé, le parc des Dunes, sur le littoral de La Haye.»

Comment vous êtes-vous réparti la tâche?

«Là où c’était possible, nous avons parcouru les parcs ensemble, mais nous avons visité la plupart séparément. Marcel se concentre sur l’histoire et le patrimoine naturel, et moi je partage, pour chaque parc, mes conseils ou mes expériences personnelles.»

Votre parc préféré?

«C’est difficile de choisir, mais je dirais le Zuid-Kennemerland, pour la variété de paysages qu’on y trouve. J’habite tout près, donc je connais ce parc comme ma poche. J’y vais au moins deux fois par semaine et si je ne peux pas y aller, je deviens nerveuse.»

Des animaux particuliers?

«Les bisons d’Europe. Il y a un chemin qui vous emmène le long des plaines où on les aperçoit souvent. Il est actuellement fermé, pendant la période de reproduction, mais il rouvre en été.»

A ne pas rater?

Les «windsleuven». Ce sont des endroits où de grandes portions de sable sont creusées dans la première rangée de dunes – parfois jusqu’à 100 mètres de large – pour laisser passer le vent. Ce dernier contribue à assainir les dunes. Depuis la plage, le vent souffle du sable frais sur le littoral. De nouvelles dunes apparaissent et le saupoudrage régulier des plantes par le sable remet la nature «à zéro». Grâce à cette vaporisation, les dunes rajeunissent et restent résilientes aux changements climatiques. C’est un spectacle saisissant, surtout par vent fort de sud-ouest.»

Une promenade à conseiller?

«De Koevlak à Parnassia. Cette route est détaillée sur le site Internet du parc. Elle fait à peu près 9 kilomètres et permet d’apprécier toute la diversité des lieux.»

Où prendre de belles photos?

«Aux plans d’eau. Il y a plusieurs étangs dans le parc, comme le Wed. On peut aussi s’y baigner d’ailleurs. Le cadre est idyllique. Imaginez: des dunes où se cache un étang…»

np-zuidkennemerland.nl

Lire aussi: A la découverte du parc national de la Haute Campine, le seul de Belgique

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