Cinq bonnes raisons de ne pas devenir mannequin

© DR

Dans Picture Me, Sara Ziff révèle quelques aspects du mannequinat que l’industrie de la mode préfère d’habitude passer sous silence.

Dans Picture Me, Sara Ziff révèle quelques aspects du mannequinat que l’industrie de la mode préfère d’habitude passer sous silence.
Repérée à 14 ans dans une rue de New York, Sara Ziff a rapidement posé pour Calvin Klein et défilé pour Chanel. Avec son petit ami de l’époque, Ole Schell, alors étudiant en cinéma, elle décide de se filmer en train de travailler. Ce qui débute comme un journal intime vidéo prend d’année en année plus d’ampleur. Progressivement, Sara Ziff recueille le témoignage de ses amies mannequins. D’habitude réfractaires à toute confession, celles-ci acceptent cette fois d’aborder les sujets qui fâchent: l’argent facile, le poids, le fait d’être traité comme une marchandise… Au bout d’1h25 de film, on ressort de la salle légèrement nauséeux. Le film ne nous apprend rien que nous ne soupçonnions déjà, mais les confidences choquantes de ces mannequins prouvent à quel point la mode est fondée sur l’illusion.

Vous rêvez malgré tout de devenir mannequin? Dans ce cas, sachez tout de même que dans ce métier…

Vous gagnez vite trop d’argent. En soi, devenir riche n’a rien de négatif. Gagner 100 000 dollars en une journée quand vous avez 16 ans, si. Vous perdez le sens des réalités. Vous ne savez plus si les gens sont vos amis pour ce que vous êtes ou pour ce que vous pouvez leur payer. A 18 ans, Sara Ziff s’achète un appartement à Londres. A 20 ans, elle gagne plus d’argent que son père, neurobiologiste universitaire. Son petit ami, Ole Schell, encore étudiant, a du mal à suivre. « Ce soir, emporte ta carte bancaire, j’aimerais bien que ce ne soit pas toujours moi qui paie » lui assène-t-elle malgré tout.

Les photographes abusent de vous sexuellement. Eh oui, même au 21e siècle. On croyait la promotion canapé derrière nous. Dans la mode, ça marche toujours! Face à la caméra, le mannequin Sena Cech raconte comment, lors d’un casting, elle s’est retrouvée nue et a été priée de serrer le sexe du photographe devant elle (l’un des plus connus du milieu). Une histoire qui n’a malheureusement rien d’un cas isolé.

Vous détestez votre corps. Alors que le monde entier fantasme sur les filles des magazines, les filles des magazines, elles, se trouvent moches. Sara Zeff, beauté blonde aux yeux de biche, fait la moue devant les photos qu’elle découvre chez un marchand de journaux. Sur une série mode, elle se trouve une mine affreuse. Sur une pub, elle juge qu’elle a l’air bête. A entendre une de ses collègues, on comprend vite qu’il ne s’agit nullement de fausse modestie: « Aux castings, les gens m’ont donné des claques sur les cuisses. Je n’ai pourtant jamais été en surpoids. Cela fait longtemps que je pèse le même poids. Mais ils vous tapent sur les fesses et vous parlent de graisse en italien ou en français en disant « c’est trop gros ici ». » Dans une industrie au sein de laquelle elles ne maîtrisent rien, le poids devient alors, pour beaucoup, l’unique paramètre sur lequel elles peuvent avoir un semblant de contrôle.

Votre agent vous exploite. Aussi étrange que cela puisse paraître, le mannequinat demeure l’un des secteurs les moins réglementés de nos sociétés occidentales. Quand, dans le documentaire, une Sara Ziff à bout de force appelle son agence à New York parce qu’elle ne se sent pas capable d’aller à un shooting, on lui signifie qu’il est hors de question de ne pas s’y rendre. Et tant pis si le rythme harassant des Fashion Weeks a eu raison de sa peau, rougie et couverte de boutons.

A 25 ans, votre carrière est finie. N’est pas Kate Moss qui veut. A chaque saison, de nouveaux minois de 14 ans déboulent sur le marché, rendant les ainées dangereusement périssables. Malheureusement, elles n’ont pas toutes l’intelligence de Sara Ziff, qui décide après quelques années de métier de reprendre ses études en intégrant l’université new-yorkaise de Columbia.

Géraldine Dormoy, Lexpress.fr Styles

Picture Me, le journal vérité d’un top model, d’Ole Schell et Sara Ziff, 85 minutes, en salles le 20 octobre.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content