Milan: Le paradis blanc d’Ermenegildo Zegna

© Imaxtree
Isabelle Willot

Qu’est ce qui fait que l’on se souvient de quelqu’un? Qu’il imprimera une marque dans notre mémoire, susceptible sans doute de s’estomper avec le temps, même de se modifier peut-être lors d’une nouvelle rencontre? Un peu comme ces traces de pas dans la neige qui à peine laissées ne sont, très vite, plus du tout les mêmes. Il y avait quelque chose de ce questionnement dans le choix du décor neigeux qui habillait tout le catwalk, mais pas que, puisqu’il « neigeait » déjà dans le hall de béton brut de L’Université Bocconi, à Milan.

C’est là qu’Alessandro Sartori avait choisi de présenter sa collection Automne-Hiver 18-19. Une scénographie magique inspirée par une série de photographies de paysages sous la neige de l’artiste Thomas Flechtner, d’ailleurs présent lors du show et cosignataire de ce décor troublant.  » Je veux étendre l’utilisation du savoir-faire traditionnel, créer des formes hybrides destinées à de nouveaux usages, faire surgir la fonctionnalité moderne des techniques traditionnelles, détaille le directeur artistique d’Ermenegildo Zegna. Dans notre travail, nous avons recours à des néologismes vestimentaires et, cette saison, j’ai créé un nouveau néologisme : Snowriting (empreintes sur la neige). La fusion du formel et de l’informel dans un sublime décor enneigé « . En pratique, cela s’est donc traduit par des silhouettes nettes et pourtant tout en souplesse.

Les encolures géométriques et les revers sculptés se parent de cravates nouées comme des écharpes à double noeuds. Les pantalons arborent des bas réglables et même les plus formels s’affichent avec des chaussures de trekking imposantes. Le duvet se décline en version anorak de laine. Les associations pantalon/blouson en tissu coordonné font un joli pied de nez au costume traditionnel. Du côté des matières, cachemire jacquard, mohair compact, alpaga brossé, laine et velours côtelé se plaisent à rivaliser, seuls les plus désirables d’entre eux ont passé la rampe de sélection de toute façon. Rien ici que l’on n’ait pas envie de toucher, de pétrir, mieux encore, d’enfiler pour que la caresse du tissu soit réciproque.

Même s’il ne croit pas à la vague du « see now, buy now » qui selon lui briderait la créativité, Alessandro Sartori a dévoilé toutefois sur le podium milanais un sac réversible flanqué du triple XXX que l’on retrouvera en fil rouge sur de nombreuses pièces de la collection. Ce fourre-tout en cuir de daim est déjà disponible dans une sélection de boutique et sur le site zegna.com.

https://www.youtube.com/watch?v=lfQ29cXSOJY

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