Pourquoi le départ présumé de Marc Jacobs de chez Vuitton fait le buzz ?

Une fois de plus, la rumeur enfle: le directeur artistique de Vuitton pourrait quitter la griffe. Son contrat, qui prend fin en octobre prochain, n’aurait pas encore été renouvelé par le groupe de luxe LVMH, dont Vuitton est un des fleurons les plus rentables. Pourquoi tout le monde en parle ? Tentative de décryptage, en 5 points

1. Parce qu’en 16 ans, ce mec a réussi l’exploit de valoriser le patrimoine d’une vieille maison française tout en y insufflant quelque chose de rock ‘n roll, d’en sublimer les codes franco-français tout en étant fier d’être américain… et en séduisant les riches modeuses d’Asie, de Russie ou des Emirats.

Ou encore, joli coup, de faire défiler du prêt-à-porter pour vendre des sacs et des souliers (ne dites jamais chaussures, chez Vuitton le mot est banni). Du coup, Marc Jacobs c’est la cashmachine du groupe de luxe LVMH. Depuis son arrivée à la direction artistique de Vuitton en 1997, la marque multiplie en effet son chiffre d’affaires par deux tous les 5 ans. Crise ou pas crise.

2. Parce qu’il a aussi été précurseur en jouant sur les liaisons heureuses entre art et mode, via des collaborations éphémères avec les plus grands noms de l’art contemporain, dont Stephen Sprouse, Yayoi Kusuma, Richard Prince ou Takashi Murakami. Certes, d’autres comme Dali, avec sa robe homard, ou Saint Laurent avec ses collections hommages à Mondrian, Picasso ou Braque l’avaient fait avant lui, mais pas sur des porte-clés, des foulards ou des portefeuilles que (presque) tout le monde peut s’offrir.

3. Inversement, il est aussi un des rares créateurs de mode à entrer au musée de son vivant. On se rappelle de l’expo Louis Vuitton-Marc Jacobs qui s’est tenue aux Arts déco, à Paris, de mars à septembre 2012.

4. Parce que, disait-il,  » my heart belongs to daddy « . En l’occurrence, son vrai papa à lui, clamait régulièrement Marc Jacobs au lendemain de ses défilés, celui dont il attendait la reconnaissance et qui le poussait à faire toujours plus, toujours mieux, c’était Bernard Arnault, le grand patron de LVMH. Alors pourquoi quitter le giron paternel maintenant ? Bon, c’est vrai, le big boss avait félicité Marc pour son travail sur le défilé automne-hiver 12-13, celui avec la reconstitution du beau train ancien, là, mais il avait nettement moins aimé celui de l’hiver 13-14, cette histoire de bordel, de clients et de filles over-maquillées qui se déshabillent. Mais bon, est-ce une raison pour se fâcher avec son papa ?

5. Parce que, et ce n’est sans doute pas son seul point commun avec le monde footbalistique, la planète fashion adore commenter le mercato. Et plus encore faire des paris sur  » qui va remplacer qui parti où « . Pour ceux qui sont plus familiarisés avec les gradins du stade qu’avec ceux qui entourent les podiums, Marc Jacobs qui quitterait Vuitton, c’est un peu comme si tout d’un coup Silvio Proto lâchait Anderlecht. Dès que la rumeur est lancée, ça twitte, ça blogue, ça réseausocialise à toute berzingue. C’était déjà comme ça pendant la Fashion Week de septembre 2011, quand le nom du créateur américain était avancé pour remplacer Galliano, licencié de Dior pour cause de pétage de plomb raciste et antisémite. Et c’était reparti de plus belle quand on avait appris le départ de Nicolas Ghesquière de chez Balenciaga et son arrivée présupposée comme directeur artistique de la marque au monogramme. Forcément, en avaient déduit des blogueuses parfois quand même un peu plus malignes que des supporters de foot, ça voulait dire que Marc Jacobs partait… Encore.

Delphine Kindermans
Rédactrice en chef du Vif Weekend

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