Rayon Vins: Irancy, terroir du haut

© D. Rodenbach

Quand on évoque les vins de Bourgogne, c’est souvent pour louer les crus de la Côte d’Or. Irancy rappelle avec talent qu’il existe une vigne de qualité en dehors des appellations consacrées.

Irancy fait partie de ces appellations injustement snobées par tous ceux qui privilégient l’étiquette d’une bouteille plutôt que son contenu. On a vite fait de passer à côté de ce terroir du nord de la Bourgogne pour cause d’autres crus à fouetter. C’est une erreur car les vins d’Irancy expriment le pinot noir – et parfois le césar – avec une finesse particulière. Nulle lourdeur ici, on est du côté du fruit et d’une légèreté qui n’a rien de superficielle.

Pour s’en convaincre, rien ne vaut une visite sur place. Situé à environ 5 heures de voiture de Bruxelles, le petit village éponyme décline un art de vivre comme on les aime. Irancy est au coeur d’un véritable amphithéâtre naturel. Y pénétrer revient à fermer derrière soi les portes d’un véritable sas de décompression. Le temps s’écoule lentement et l’on s’imprègne de la sagesse de vignerons – une trentaine au total – qui ont fait de la vigne leur compagne.

L’un d’entre eux, Thierry Richoux, est l’exemple même de ce qu’une « petite » appellation peut réserver comme bonne surprise. Pénétrer dans sa cave est l’assurance d’une initiation hors pair. Pas d’esbroufe, l’idée est de donner en quelques millésimes un aperçu juste du terroir. En quelques millésimes savamment choisis, l’amateur prend petit à petit la mesure de vins avec une belle diversité. Thierry Richoux n’a pas son pareil pour mettre à l’aise, en sa compagnie on a vite fait d’oublier le protocole. Le maître des lieux prend son temps pour recevoir les visiteurs et, mieux encore, il boit avec eux. Un vrai dépaysement quand on songe aux régions du vin où des commerciaux remplissent les verres à tour de bras, une calculette dans l’autre main…

Une cote qui monte

Le destin de l’appellation n’a pas toujours été évident. Les ruelles serrées pleines de caractère du village racontent une histoire en dents de scie. Au Moyen Age, ces vins siégeaient à la cour du roi de France. Aux premières mesures de l’ère industrielle, grandeur et décadence, ils étaient devenus une piquette bon marché servant à faire passer le lourd labeur des ouvriers de Paris. C’est à partir des années 70 que la commune a repris son destin en main, au moment où elle a obtenu l’appellation bourgogne-Irancy. On s’est alors à nouveau intéressé à ce terroir étonnant où les vignes côtoient les cerisiers. Pendant 30 ans, il s’est alors façonné à la force des poignets.

Aujourd’hui, sous l’impulsion d’une nouvelle génération de vignerons quadragénaires, l’Irancy décolle véritablement. C’est cette génération qui s’est battue pour obtenir l’appellation communale en 1999. Depuis, sa notoriété n’a fait que croître. Pour preuve, Jacques Dupont, le spécialiste du vin du magazine Le Point, n’a pas hésité à faire figurer l’appellation dans ce qu’il nomme « l’élite des vins de Bourgogne ». Ceci d’autant plus que, Bourgogne oblige, le panorama viticole est complexifié par une série de climats – le plus réputé étant celui de la parcelle dite « Palotte » – déclinant des goûts subtils, entre la cerise, la groseille, un rien d’animalité et des notes d’épices.

Michel Verlinden

L’Irancy demande à être servi à une température comprise entre 17 et 19°. Il accompagne les plats de viandes rouges, les grillades, les plats en sauce, le gibier et le fromage.

Thierry Richoux, 73, rue Soufflot, 89290 Irancy, Tél. : +33-3 3 86 42 21 60.

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