Christian Louboutin fête les 30 ans de son iconique semelle rouge

© Christian Louboutin

Il y a 30 ans, Christian Louboutin a pris le vernis à ongles rouge de son assistante pour « effacer le noir » de la semelle d’une chaussure qui lui paraissait non conforme à son dessin coloré. Sans imaginer « une seconde » que cela le rendrait mondialement connu.

« L’obsession commence par le fait que le rouge est pour moi plus qu’une couleur. J’ai des souvenirs très tôt de femmes habillées en noir mais, déjà, avec les ongles et des lèvres rouges. Ca commence par le cinéma, les actrices des années 1950, Sophia Loren », raconte-t-il lors d’un entretien à l’AFP dans son appartement parisien, décoré avec des teintes vives. 

Jeudi soir, il a célébré les 30 ans de sa fameuse semelle rouge, avec une performance dansante à l’Opéra comique de Paris en marge de la Fashion Week. 

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Il s’apprête en outre à inaugurer son premier hôtel au Portugal, « Vermelho » (Rouge). Le sol vermeil y sert de fil conducteur et il y a « toujours une touche de rouge » quelque part dans l’établissement. 

En 1993, alors qu’il regarde le prototype d’un soulier rose et violacé de profil et de trois quarts, c’est le noir de la semelle qui domine. « J’ai pris le vernis à ongles et j’ai effacé le noir. Ce n’était pas: ajouter le rouge », se souvient-il. « Et tout à coup, c’était comme une révélation: cela ressemblait à mon dessin ». 

L’idée de départ consistant à sortir à chaque saison une semelle d’une autre couleur ne s’est jamais concrétisée. « Si on n’aime pas ou qu’on ne porte pas de couleurs, on aime quand même le rouge ». 

« Plaisir infantile » du talon

Et c’est la semelle rouge qui « définit toutes les courbes » d’un escarpin noir à talon aiguille, le modèle plus vendu, même si Louboutin orne de semelles rouges des chaussures plates, à talon moyen ou à plateau et des souliers masculins, dont certains se parent depuis quelques années de talons. 

S’amusant du narratif qui évolue autour du talon, qui cesse d’être considéré comme anti-féministe, il aime observer dans ses boutiques les femmes qui enfilent les stilettos et s’admirent « de face, de profil et de dos » sans demander à leur « mari, copain ou copine » ce qu’ils en pensent. Ou des fillettes qui essaient les talons de leur mère sans que personne ne les y « oblige ».

« Il y a une espèce de plaisir infantile à voir la vie d’un tout petit peu plus haut », sourit-il.

« J’appartiens à cette école où le talon a été porté par des femmes qui s’assumaient », même dans les années 1960 et 1970, où « le féminisme » était égal « chaussure plate » et où le talon était synonyme d' »entrave ».

Tina Turner à l’époque, ou Beyoncé aujourd’hui, juchées sur des talons, incarnent pour lui « le féminisme beaucoup plus que quelqu’un qui se laisse aller ».  

Après être restés chez eux « en pyjama » pendant le Covid, les gens ont envie de porter des talons qui incarnent « la fête », selon lui. 

Sa nouvelle collection, avec des pièces inspirées du flamenco, est faite en collaboration avec l’actrice espagnole Rossy de Palma, icône du tapis rouge et habituée de la Fashion Week. 

« J’aime les gens singuliers et il y a une seule Rossy, quelqu’un qui porte aussi bien la voix, l’amusement, le plaisir, la rigolade, la multiplicité », souligne-t-il. 

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