Marie-Antoinette, influenceuse avant la lettre

Marie-Antoinette en grand habit de cour, par Elisabeth Vigée Le Brun, 1779-1788, Château de Versailles. © RMN-GRAND PALAIS/GÉRARD BLOT
Isabelle Willot

Rarement une reine de France aura autant fait parler d’elle, de son vécu déjà mais aussi à travers les siècles. Tour à tour haïe ou sanctifiée, Marie-Antoinette inspire encore les créateurs d’aujourd’hui.

Un coup d’oeil aux défilés de mode du printemps prochain suffit d’ailleurs pour s’en convaincre : chez Balenciaga, Thom Browne et même Rick Owens, il y avait un petit côté « retour à Versailles », comme auparavant chez Dior, périodes Galliano ou Simons. Véritable icône de la pop culture jusqu’au Japon ou aux Etats-Unis, elle a vu son image changer au fil des siècles. Un peu comme si chaque époque avait voulu s’approprier l’une des facettes de sa personnalité. En total décalage avec la France du XVIIIe qui ne l’a jamais comprise, elle est aujourd’hui le personnage historique le plus commenté dans les livres et les biographies, le plus représenté aussi dans les films comme dans les mangas, les romans, les jeux vidéo et même les publicités!

Une exposition à la Conciergerie, à Paris, là où se termina tragiquement sa vie, est consacrée à toutes ces métamorphoses. Elle met face à face les représentations historiques de la reine à travers des tableaux ainsi que des objets lui ayant appartenu et les oeuvres d’artistes contemporains qui se sont emparés de sa figure mythique, en particulier ces vingt dernières années. On y découvre ainsi le fétichisme dont elle a toujours fait l’objet, dans les caricatures d’époque qui la présentaient comme une femme corrompue et obscène tout comme dans les portraits idéalisés signés Pierre & Gilles. En sous-titre, se pose une fois de plus la question des interdits pesant hélas encore toujours sur le corps des femmes et la place qu’on les autorise à avoir dans la société. En avance sur son temps à bien des égards, Marie-Antoinette a subi de plein fouet le machisme d’une Révolution portée par des hommes pour qui le mot « liberté » ne se conjuguait pas au féminin.

Marie-Antoinette, Métamorphoses d’une image, Conciergerie, 2, boulevard du Palais, à 75001 Paris. www.paris-conciergerie.fr Jusqu’au 26 janvier prochain.

Silhouette Thom Browne du printemps 2020.
Silhouette Thom Browne du printemps 2020.© IMAXTREE
Marie-Antoinette en grand habit de cour d'après Elisabeth Vigée Le Brun, Autoportrait, par Kimiko Yoshida, 2010.
Marie-Antoinette en grand habit de cour d’après Elisabeth Vigée Le Brun, Autoportrait, par Kimiko Yoshida, 2010.© KIMIKO YOSHDA
Royal Blood Marie-Antoinette - 1793, par Erwin Olaf, 2000.
Royal Blood Marie-Antoinette – 1793, par Erwin Olaf, 2000.© COURTESY RABOUAN MOUSSION ET ERWIN OLAF
Vue de l'exposition à la Conciergerie.
Vue de l’exposition à la Conciergerie.© DIDIER PLOWY – CMN
Robe-manteau, Passage 3, printemps-été 2005, de John Galliano pour Dior.
Robe-manteau, Passage 3, printemps-été 2005, de John Galliano pour Dior.© LAZIZ HAMANI
Rafraîchissoir à verres, Manufacture de Sèvres, 1784.
Rafraîchissoir à verres, Manufacture de Sèvres, 1784.© CHATEAU DE VERSAILLES – RMN / CHRISTOPHE FOULIN

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