Gare aux dangers de la résilience toxique - Canva
Gare aux dangers de la résilience toxique - Canva

La résilience toxique, quand vouloir « bien faire » au travail vous fait du mal

Kathleen Wuyard
Kathleen Wuyard Journaliste & Coordinatrice web

Après la positivité toxique, c’est la résilience toxique qui est pointée du doigt par les experts. Vous avez tendance à faire passer le bien de l’entreprise avant votre propre bien-être? Lisez, cela risque de vous intéresser.

La résilience toxique, c’est cette manie d’accepter des missions supplémentaires alors même que vous n’arrivez déjà pas à cocher toutes les cases de votre to-do list en une journée. Ou bien cette tendance à endurer le stress subi au travail sans rien dire. Bref, c’est une forme de résilience qu’on retrouve dans le cadre professionnel, et dont les effets peuvent être drôlement délétères sur la santé mentale.

« Et si la pensée positive vous rendait anxieux? Partout et en tout temps, on nous somme d’être positifs au travail, dans nos relations, et même face à la souffrance. Si nous n’y parvenons pas, certaines personnes iront jusqu’à nous faire sentir que nous sommes les artisans de notre propre malheur. Pourtant, être parfois négatif n’est-il pas simplement humain? » s’interrogeait Whitney Goodman, auteure de Positivité toxique, dans les pages de son ouvrage dédié à « se libérer de la dictature du bonheur pour aller (vraiment) mieux ».

Tout comme il s’agit de se libérer des diktats de la productivité et de l’endurance pour enfin dire adieu à la résilience toxique?

Quand une qualité fait défaut

Ainsi que l’expliquent les experts de l’Institut de la résilience, cette dernière, pourtant considérée comme une vertu, n’est pas sans écueils. Premier risque (et signe avant-coureur que vous glissez vers une forme de résilience toxique), s’obstiner envers et contre tout.

« On nous répète sans cesse une variation de « go big or go home », mais persister à vouloir atteindre un objectif irréaliste peut pousser à perdre énormément de temps à accomplir des tâches qui n’ont pas de sens » mettent en garde les spécialistes de cet institut dédié à l’étude de la résilience dans le monde du travail.

« Par définition, la résilience implique une volonté de retrouver un statu quo passé. Sauf qu’à trop se concentrer sur la situation dans laquelle on « devrait » être, on ignore les options concrètes qui se présentent à nous »

Et de souligner que mis entre les mauvaises mains, le concept de résilience peut aussi se transformer en arme: « Quand on dit à une personne qu’elle est résiliente, même si cela sonne comme un compliment, cela peut aussi être une manière de l’inciter à gérer seule ses problèmes ».

Plus de mal que de bien

D’autant que sur le long terme, « la résilience toxique peut inciter à être trop tolérant envers des situations délétères. Cela pousse notamment certaines personnes à s’accommoder de jobs sans avenirs ou de patrons problématiques pendant bien trop longtemps ».

« Faire preuve de trop de résilience peut être contreproductif d’un point de vue organisationnel, mais aussi en ce qui concerne l’esprit d’équipe au travail » met encore en garde la Harvard Business Review, qui pointe que si ce trait de caractère est perçu comme positif, à outrance, il peut nuire à une perception réaliste de soi-même, laquelle est pourtant nécessaire pour construire une carrière épanouissante et réaliser son plein potentiel professionnel.

Tout sauf un aveu de faiblesse

Mais comment déterminer ce qui tient de la « simple » résilience et ce qui s’aventure en terrain toxique? Pour l’Institut de la résilience, celle-ci se qualifie comme la capacité à reconnaître une situation problématique et à accepter les sentiments négatifs, sans oublier de prendre soin de soi. Les personnes résilientes sont capables devoir une situation stressante sous plusieurs angles, tandis que la résilience toxique, elle, prend la forme du déni ou de l’évitement, et voit les personnes qui en souffrent agir comme si tout allait bien. Ce qui, on l’aura compris, ne fait qu’empirer leur situation et leur ressenti.

Pour rappel, faire preuve de vulnérabilité n’est pas un aveu de faiblesse – au contraire, même. Comme le souligne Emma Seppälä, Directrice scientifique du Center for Compassion and Altruism Research, « se montrer vulnérable, ce n’est pas être faible, c’est avoir le courage d’être soi-même ».

Et oser mettre des mots sur une situation professionnelle problématique, c’est avoir le bon-sens de veiller à son bien-être et à sa santé mentale. Or des travailleurs qui vont bien sont plus productifs: adieu la résilience toxique, et tout le monde en bénéficie!

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