Paris Fashion Week: faire fi de la crise

La mode, c’est bien connu, est un baromètre sociétal. Elle avale les grands courants, les avale, les triture. Et s’en laisse imprégner. Aussi, les collections de prêt-à-porter féminin pour l’hiver prochain livrent leur propre interprétation de la récession.

La mode, c’est bien connu, est un baromètre sociétal. Elle avale les grands courants, les avale, les triture. Et s’en laisse imprégner. Aussi, les collections de prêt-à-porter féminin pour l’hiver prochain livrent leur propre interprétation de la récession. On y trouve des couleurs sombres, pour sûr. Mais les créateurs proposent surtout des histoires fortes et des collections pleines d’élégance, en se recentrant sur les valeurs de leurs maisons. A l’heure où se termine la fashion week de Paris, démonstration avec cinq grandes griffes françaises.

Lanvin. Rien de mieux que des robes en lamé or pour oublier la crise. Le créateur Alber Elbaz s’est plongé dans l’histoire de la mode pour redécouvrir comment les femmes s’habillaient, durant la guerre. Et a constaté qu’elles étaient plus élégantes et sophistiquées que jamais. C’est noté. Ses silhouettes se sont donc promenées sur une rue humide, se parant de bijoux et de cascades de soie, jouant avec les drapés et matières nouées. Et même lorsqu’elles vont travailler, elles se glissent dans des tailleurs ultra-chics.

Dior. L’opulence des sultanes inspire John Galliano. De son voyage en Orient, le créateur a ramené des sarouels en satin, de la fourrure pour réchauffer cous et poignets, des combinaisons-pantalons rehaussées de pierreries et fils métalliques, de longues robes transparentes en tulle, des chapeaux pointus, du brocart luxueux…

Chanel. Pour Karl Lagerfeld, le noir n’a jamais rien eu d’austère. Il est raffiné. Surtout lorsqu’il s’accompagne de manchettes et collerettes blanches en tulle, piquées de camélias. Baptisant sa collection « Belle Brumell », en hommage au dandy anglais Beau Brummel, le créateur n’en oublie pas ses références: vestes en tweed, profond décolleté en V, tailleurs, froufrous… A noter l’apparition, en cours de défilé, du vert jade et du rose chair. Mais aussi de sacs cartables de cuir noir matelassé, ainsi que de sacs en plexi transparent, dans lesquels les accessoires indispensables de toute élégante du 21e siècle – maquillage, iPod, parfum, lunette et sac bandoulière -ont une place attitrée.

Hermès. De la brume, des hélices et des phares aveuglants d’avions. Jean Paul Gaultier imagine une femme pilote, vêtue d’un blouson d’aviateur en croco, d’épaisses lunettes portées sur sa cagoule. Mais même quand elle revêt une combinaison de mécanicien, elle reste femme. Sexy. Racée. Juchée sur des cuissardes, elle aime les jupes moulantes en cuir, avant d’opter, le soir venu, pour de longues robes légères et décolletées dans le dos.


Chez Vuitton, Marc Jacobs revendique une femme moderne, qui dit ‘non’ à la crise en revêtant des looks riches – une tendance déjà largement amorcée dans la collection printemps-été 09. Les tailleurs sont construits, travaillés, froncés. Des épaules extravagantes, du volume, de courtes jupes boule ou des cols roulés semi-transparents, laissant deviner de la lingerie rose fluo. Et même si un petit cadenas ferme son volumineux collier, façon ceinture de chasteté, la femme Vuitton entend rester maîtresse de sa vie: plantée dans des cuissardes démesurée, elle pique une perle XXL dans son chignon et se construit deux oreilles, qui flottent au vent. Vive le jaune, le rouge associé au rose, le bleu électrique, le vert flashy: l’heure n’est décidément pas à la morosité.

Catherine Pleeck, à Paris

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