Une véritable ouvre d’art naturo-contemporaine ! Avec la complicité de son propriétaire, Ernest Mourmans, le célèbre architecte italien Ettore SottsaSs a signÉ une maison de rêve habitée par la passion pour le design le plus pointu et l’amour des oiseaux.

A vant de pousser la porte de cette maison de rêve, de s’émerveiller devant la majesté de chaque pièce, de mesurer le caractère exclusif de chaque mobilier, d’apprécier l’infinie précision de chaque détail, il faut évoquer la collaboration féconde qui lie le créateur architecte Ettore Sottsass et son agent Ernest Mourmans (lire aussi Weekend Le Vif/L’Express du 15 juin 2001). Discret à l’extrême, détestant apparaître au premier plan, Mourmans est aussi cet  » artisan  » animé par une quête inlassable : trouver techniques et matériaux inédits qui donneront corps à l’âme des dessins du maître Sottsass. A deux, ils créent des meubles uniques pour lesquels Mourmans effectue des recherches extrêmement poussées sur différents matériaux d’une rare finesse ou d’une richesse étonnante. Les grandes tables de la salle à manger illustrent parfaitement le dialogue créatif qui unit l’artiste et son agent. Le dessin prévoyait une tablette très fine reposant sur des pieds dodus et cylindriques. Le résultat ? Une marqueterie de bois précieux appliquée sur une mince feuille de métal. Les investigations préalables ont porté à la fois sur le type de métal, son épaisseur mais aussi sur les colles et la manière de réussir l’application des deux éléments.

Une maison village

Mourmans voue une véritable passion à la nature et aux animaux. Son amour des oiseaux est d’ailleurs à l’origine de la construction de sa superbe demeure, baptisée Bird House. Des années durant, Sottsass (assisté de l’architecte américaine Johanna Grawunder) et lui vont peau-finer le projet. Sur un vaste terrain largement planté, notamment d’une nuée de cornouillers blancs, sont réunis de grands volatiles originaires d’Amérique du Sud. Abritées dans trois volières chauffées, ceux-ci font l’objet d’un programme de sauvetage mis sur pied par Mourmans avec l’aide de quelques amis d’enfance. Inouï : les oiseaux peuvent voler de l’un à l’autre de ces enclos high-tech en aluminium, en empruntant des zones vitrées qui longent les pièces principales de ce paradis terrestre.

Maison de famille, Bird House est conçue comme un village. Les lieux sont organisés en quatre unités indépendantes. Les parents et leurs trois enfants disposent ainsi chacun d’un volume autonome qui comprend, entre autres, une chambre avec salle de bains. Les espaces communautaires – le hall, la cuisine, la salle à manger, le living qui s’avance dans la verdure pour se refléter dans l’eau de l’étang – constituent, eux, les traits d’union entre les différents univers individuels.

Rien n’est ici banal ! Voyez la piscineà Ses dimensions sont idéales pour la pratique de la natation : 1 m 30 de profondeur et 2 m 50 de largeur pour 23 m de longueur. Au mur, près de la douche, une fresque a été réalisée à partir d’une photo de Helmut Newton. Le célèbre photographe américain a autorisé l’impression en sérigraphie, en quatre exemplaires seulement.

Mourmans manifeste un goût aiguisé pour la qualité, mais donc aussi pour l’originalité. La table basse d’Isamu Nogushi qui se trouve dans le living est tout simplement un prototype. Si le modèle de série date de 1952, cet exemplaire-ci a été réalisé quelques années plus tôt. La tablette en verre est plus épaisse, le piétement est davantage sculpté et la pièce en elle-même est d’un format plus compact. Ernest l’a achetée à La Haye. Il avait 18 ans.

Exclusivité parmi d’autres, les cinquante chaises qui encadrent les tables sont des copies conformes de celles du Harry’s Bar, une faveur accordée par les propriétaires du prestigieux établissement vénitien. Tout le reste du mobilier – mis à part les équipements de la cuisine et une table basse en verre, un modèle très rare de Shiro Kuramata – a entièrement été dessiné par Sottsass. C’est notamment le cas de la somptueuse armoire en blanc immaculé. Décrivant une ligne oblique, elle opère une séparation visuelle entre la cuisine et les autres pièces.

Le hall semble inondé du bleu de la pierre Azul Macuba. Mourmans avait repéré le bloc chez un marbrier.  » Je l’ai fait scier et polir. J’en avais parlé à Ettore qui restait un peu sceptique. Nous avons présenté un petit carré sur le sol et il m’a demandé si j’en avais assez pour couvrir les parois verticales, soit jusqu’à 6 m de hauteur.  » Un magnifique écrin pour le groupe de trois sculptures géantes en céramique réalisées par Sottsass en 1968.

Partant du hall, un long couloir au plafond bas entièrement peint en noir mène à un salon cubique aux trois faces extérieures entièrement vitrées et donc complètement immergé dans la végétation environnante. Comme dans les autres pièces communes on y trouve aussi un canapé à l’assise XXL.

La chambre parentale est remarquable notamment pour les loupes utilisées sur les meubles de rangement, dignes des cabinets italiens d’autrefois et un lit dessiné par Sottsass. Pour les étoffes, le Japonais Issey Miyake a spécialement créé un imprimé original et multicolore.

Texte et photos :

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