Nouvel ambassadeur de la ligne de sous-vêtements du label américain, le champion espagnol n’a pas hésité à tomber le polo pour créer l’événement.  » Vous n’allez pas me croire mais je suis en réalité un garçon très timide « , prévient-il.

C’était il y a quelques semaines : en plein coeur de New York, sur un court improvisé, Rafael Nadal (29 ans), en costume, puis torse nu, charmait la centaine de spectateurs présents lors d’une partie de strip-tennis en compagnie de mannequins, portant des sous-vêtements étiquetés Tommy Hilfiger. Mais comment ce jeune homme plutôt les pieds sur terre vit-il ce genre de coup médiatique ? C’est la question que nous lui avons posée, juste après son  » match « . En guise de réponse, il pointe du doigt l’écran derrière lui sur lequel défile la publicité de la marque dans laquelle il apparaît. Seul dans un vestiaire, le sportif affiche un air espiègle et fait mine d’enlever ses dessous. Le clip passe en boucle.  » Se voir continuellement se déshabiller à l’écran, c’est effectivement assez embarrassant, sourit-il. Mais lorsqu’on tourne une publicité, on ne réalise pas tout de suite que l’on va être vu partout dans cette tenue. Les enregistrements étaient très sympas et l’ambiance sur le plateau vraiment conviviale. On s’est beaucoup amusés et je me sentais très à l’aise. Mais maintenant que je découvre le résultat, la même question revient sans cesse : pourquoi ?  »

Le numéro 7 mondial n’en est pourtant pas à son coup d’essai. En 2011, il était déjà le  » visage  » de la ligne de slips d’Emporio Armani, succédant alors à Cristiano Ronaldo et à David Beckham. Et dans le clip de Shakira Gipsy, il s’amusait à moitié nu dans le sable avec la chanteuse, tandis qu’il a dernièrement posé, le poitrail dévêtu, en compagnie de la top Bar Refaeli pour le magazine Sports Illustrated. Que ressent-on lorsqu’on se montre au monde entier dans son plus simple appareil (ou presque) ?  » C’est une question d’habitude, répond le champion. Vous n’allez pas me croire mais je suis en réalité un garçon très timide. Néanmoins, à force d’être professionnellement sous les projecteurs, j’ai appris à parler aux gens et à supporter l’attention permanente. Cela m’a pris beaucoup de temps. Je me confie d’ailleurs toujours difficilement…  »

DANS LA NORME

C’est Tommy Hilfiger en personne qui a contacté sa future égérie. Le créateur de mode américain et le tennisman se connaissent en effet depuis une dizaine d’années. Rien à voir avec un projet marketing : il suffit de chercher sur le Web pour trouver d’anciennes photos de fêtes montrant l’Espagnol dans la résidence de Tommy, sur l’île Moustique.  » Je l’ai rencontré après un match à Monte-Carlo, raconte celui qui remporta neuf fois Roland-Garros. Dès le début, je l’ai trouvé extrêmement sympathique et, tout comme moi, très terre-à-terre. Même quand ma carrière se porte au mieux, je ne me sens jamais au-dessus de la mêlée. Je vis toujours auprès de ma famille à Manacor, une petite ville de mon île natale, Majorque. Je ne suis pas différent des autres mais j’ai travaillé très dur pour arriver là où je suis. Ce n’est pas mon genre de frimer. Je suis tout ce qu’il y a de plus normal. Si j’ai accepté de jouer dans un tel accoutrement sur un court en plein New York, c’est parce que Tommy m’a demandé de devenir son ambassadeur et que je me sens proche de lui. Je le fais aussi pour l’aspect sportif et les valeurs véhiculées par cette marque, à savoir la positivité, la santé et la compétitivité.  »

UN MENTAL DE GAGNANT

Compétitif, Tommy Hilfiger ?  » Je ne l’ai jamais vraiment été, du moins pas sur un terrain, avoue-t-il. A l’école, ceux qui jouaient au basket ou au football américain étaient tous beaucoup plus grands et plus forts que moi. Et je n’aimais pas trop le base-ball : passer son temps à attendre une balle me semblait ennuyeux. Je préférais le tennis car il y a plus d’action. Mais je n’étais pas très doué.  » Si le créateur n’est pas un athlète de haut vol, le sport fait néanmoins partie de l’image très américaine transmise par sa maison car  » il forme un tandem parfait avec la mode « . Et de poursuivre :  » Il suffit d’observer les gens dans la rue pour s’en rendre compte : tout le monde porte des baskets, des sweats numérotés ou des tenues d’entraînement. L’aspect technique de ces vêtements est de plus en plus adapté au vestiaire de tous les jours. C’est également le cas de nos dessous. Ils existent depuis vingt ans mais ils viennent d’être réadaptés avec des matières plus performantes. Le tissu respire et la coupe est optimale grâce à l’utilisation du Stretch.  » Cette nouvelle attention portée à cette ligne a été insufflée par PVH Corporation, le géant de la mode qui se cache derrière Tommy Hilfiger, Calvin Klein et Michael Kors.

ET APRÈS ?

Si Rafael Nadal fait indéniablement partie des dieux du stade d’aujourd’hui, le timing de cette campagne internationale peut surprendre : 2015 ne restera en effet pas dans les annales de sa carrière. Après une blessure dont il a eu du mal à se remettre, il a dégringolé dans le classement mondial pour atteindre sa position la plus basse depuis 2005. La fin de la carrière de celui qui fut médaillé olympique en 2008 se profilerait-elle ?  » Je retrouve actuellement mon niveau de forme mais j’ai bien entendu déjà réfléchi à mon futur, rassure-t-il. Je ne me fais pas de souci à ce sujet-là.  » L’homme ne précisera pas s’il suit actuellement des études mais rappellera que le mot  » ennui  » ne fait pas partie de son vocabulaire.  » J’ai d’autres passions. J’aime pêcher, naviguer, nager ou simplement profiter de la mer. Je suis actuellement occupé à mettre sur pied mon académie de tennis à Majorque. Une partie de mon avenir se trouve là, ainsi qu’au sein de la fondation pour enfants défavorisés que j’ai créée en 2007. Beaucoup de personnes travaillent dur mais n’auront malheureusement jamais la chance d’aller aussi loin que moi. Je ne manque de rien, j’ai gagné beaucoup de prix. C’est la raison pour laquelle je voudrais rendre au monde ce qu’il m’a donné. Si d’autres chanceux comme moi suivaient cette exemple, notre planète pourrait peut-être devenir meilleure.  »

DURÉE DE VIE

Dans le domaine caritatif, Tommy Hilfiger a précédé Rafael Nadal de vingt-cinq ans. Il s’est entre autres impliqué dans la lutte contre le cancer du sein, le sida et la sclérose en plaques. Sa fondation a également contribué à la construction d’écoles et à l’organisation de camps d’été pour jeunes. Si son label est désormais aux mains d’un grand groupe international, il ne s’ennuie pas pour autant, depuis qu’il a endossé les fonctions de directeur créatif et d’ambassadeur de la marque.  » Je ne vois pas pourquoi je devrais prendre ma retraite. J’adore mon métier et j’ai un tas de projets passionnants à venir. J’ai 64 ans et, à l’exception de Ralph Lauren qui s’est retiré du métier, d’autres créateurs comme Giorgio Armani ou Karl Lagerfeld travaillent toujours alors qu’ils ont passé la barre des 80 ans. Je pourrais tout aussi bien continuer encore pendant vingt ans !  »

www.tommy.com

PAR THIJS DEMEULEMEESTER

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