La créatrice parisienne fête les 20 ans de son label Paul & Joe. Avec gourmandise et enthousiasme. Plus quelques jolis souvenirs d’enfance.

A qui ressemble la femme idéale ?

A ma maman en jeans taille haute qui s’allongeait sur le lit pour fermer sa braguette. Elle portait des sabots, j’en étais dingue, je les lui volais – quelle est la petite fille qui n’a pas pris les chaussures de sa mère pour faire la belle ?

Vos codes correspondent à vos souvenirs d’enfant ?

Tout vient de là – les chemisiers à broderies anglaises, les cols lavallière, les froufrous, les années 70, ces codes me sont chers, j’étais habillée comme ça, mon père ne voulait pas que je quitte la maison en pantalon, mais avec un pull en shetland, qui grattait, une jupe plissée Bonpoint et les cheveux attachés, alors que c’était l’époque des jeans Levi’s 501. Sortir ainsi déguisée, la honte, mais je trichais, je me changeais dans l’escalier.

Une faute de goût ?

Aucune, les fautes de goût d’avant peuvent être des trucs stylés d’aujourd’hui.

Vous avez commencé par créer un vestiaire masculin en 1995, pourquoi ?

Pour faire plaisir à mon mari, à mon père et à mes frères. Jusque-là, je bossais avec mes parents dans leur entreprise textile, j’y ai appris tous les rouages, puis ils ont vendu leur affaire, j’avais 27 ans, mes hommes me disaient qu’ils avaient du mal à trouver des collections cool, je me suis lancée.

Paul & Joe + Aigle, Paul & Joe + Mickey, vous aimez les collaborations en tout genre…

J’ai commencé il y a quinze ans, avec Dim, puis Perrier puis Pierre Cardin, en 2007, je me suis éclatée : j’avais le droit de réinterpréter toutes ses robes iconiques, avec ma touche à moi.

Paul & Joe a 20 ans, en vous retournant, que voyez-vous ?

Beaucoup de rigolades, de très belles rencontres, des coïncidences, des surprises… Après vingt ans, conserver une marque n’est pas facile, il faut éviter de s’essouffler et de vieillir avec ses clientes, plaire aux anciennes et aux nouvelles, c’est toujours une question de dosage, comme pour un beau gâteau.

Des échecs ?

Oui bien sûr, comme tout le monde, mais cela fait grandir.

La phrase qui vous sert de mantra ?

Les phrases de ma maman, qui elles-mêmes ont été prononcées par la sienne… Pas des trucs révolutionnaires mais des dictons pleins de bon sens :  » Aide-toi et le ciel t’aidera « ,  » Range ta maison, elle grandit  » et celle-ci que j’adore :  » Le mieux est l’ennemi du bien.  »

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

 » Les fautes de goût d’avant peuvent être des trucs stylés d’aujourd’hui.  »

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