DJ Cognac

Le cognac est-il soluble dans le rap ? La réponse est oui et s’inscrit en plein phénomène  » bling bling  » ! Explications.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Pour un Européen moyen û francophone de surcroît û, l’imagerie développée par les rappeurs nord-américains est caricaturale à l’extrême. Car au-delà des textes souvent hermétiques de ces artistes majoritairement blacks, le déploiement d’artifices se révèle, en effet, véritablement consternant. Bijoux en cascade, voitures rutilantes, villas idéales et bimbos en micro-shorts composent généralement le menu principal de leurs clips toujours très léchés. Il suffit de zapper sur MTV ou MCM dans la tranche  » hip-hop & R’n’B  » pour contempler, avec effroi, l’affichage de ces valeurs matérialistes et finalement très machistes. Au pays du rap anglophone, les signes extérieurs de richesse sont donc rois et ils ont généré ce que les bureaux de tendance appellent désormais la  » bling bling attitude « , en référence au bruit que font deux pièces de métal (précieux) qui s’entrechoquent. Rezappez sur MTV ou MCM pour voir : chaînes, bracelets, montres, croix et autres boucles d’oreille en or massif (et bien sûr orné de diamants) dégoulinent littéralement sur l’écran. Leur message est clair :  » Nous avons grandi dans la rue, nous avons réussi grâce à notre musique, le luxe est à nous et nous en sommes fiers, point barre !  » L’American Dream dans toute sa splendeur. Séduits, les fans mordent à l’hameçon et affichent à leur tour leurs  » bling bling  » un peu moins lourds. Bizarrement, de l’autre côté de l’Atlantique, les jeunes blancs dés£uvrés de Grande-Bretagne se la jouent également  » luxe  » en exhibant eux aussi leurs rêves de fortune via le tartan Burberry et le mouvement  » chav  » ( lire Weekend Le Vif/L’Express du 18 février dernier). Blancs, Noirs, même combat ? Oui et non. Si les classes modestes des différents pays occidentaux poursuivent légitimement les mêmes rêves de réussite sociale, les symboles affichés divergent considérablement. Même au niveau liquide : bière et whisky, côté Blancs ; cognac, côté Noirs ! C’est l’autre symbole étonnant de la vague  » bling bling  » : cet alcool 100 %  » made in France  » est, en effet, la boisson fétiche des rappeurs nord-américains. Anecdotique ? Pas vraiment. Alors que les producteurs de vin français se lamentent sur la chute de leurs exportations depuis quelques années, les fabricants de cognac, eux, se frottent joyeusement les mains. En 2004, leurs ventes ont encore augmenté de 6 % ( source : www.terre-net.fr) et conforté les Etats-Unis dans leur statut de premier consommateur mondial (36,4 % du marché). Sur le site de référence www.cognac-world.com, le lien avec les rappeurs américains est d’ailleurs clairement établi : les artistes en question adorent ce breuvage et le font clairement savoir dans leurs chansons, quand ils n’exhibent pas carrément les bouteilles et les verres de cognac dans leurs clips. Singulier, le phénomène semble avoir décollé en 2002 avec le hit  » Pass the Courvoisier  » (du nom de la célèbre marque) par Busta Rhymes (featuring P. Diddy) et ne semble pas être retombé depuis. Plus que jamais, le cognac est donc à la mode au pays de l’Oncle Sam, générant partenariats originaux et initiatives inédites. Ainsi, la célèbre marque Rémy Martin a par exemple financé l’aménagement du salon  » Rémy  » dans le très sélect  » 40/40 Club  » du rappeur Jay-Z… rappeur qui a d’ailleurs annoncé le lancement prochain de son propre cognac baptisé Grey Goose ! Désormais, cela fera non seulement  » bling bling  » sur les poitrails, mais aussi  » bling bling  » entre les verres.

Frédéric Brébant

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