Créateurs et fabricants poursuivent leur quête du meuble de jardin idéal. Esthétique, confortable et si possible éthique.

L’outdoor serait-il devenu le nouveau terrain de jeu des designers ? En un rien de temps – une dizaine d’années tout au plus -, on est passé d’une offre unique, qui se résumait à des tables et des chaises en plastique vert bouteille, aux voluptueux lounges modulables en mousse et aux lampadaires aux lignes sculpturales.  » Les fabricants ont compris qu’il fallait travailler sur l’esthétique, mais aussi sur le confort et éviter au maximum le plastique, moyennement apprécié dans les jardins car jugé peu écologique « , remarque Denis Castaing, cofondateur du showroom parisien Sabz, spécialiste du mobilier d’extérieur, qui vient d’inaugurer sa deuxième adresse, rassemblant ce qui se fait de mieux dans le domaine : des meubles résistant aux intempéries et aux UV, des tables à rallonges en métal blanc et bois clair, des banquettes en forme d’ellipse avec parasols intégrés, des fauteuils confortables fabriqués dans un mélange de fibres naturelles tressées.  » À l’extérieur, notre conscience de l’environnement se trouve décuplée « , confirme Bernard Reybier, PDG de Fermob, fabricant qui parie sur une peinture  » zéro rejet  » depuis 1997. Résultat, les luminaires optent pour la basse consommation, les couleurs prennent des teintes nature. Et les meubles renouent avec l’indémodable style classique, gage de pérennité.

LES LUMIÈRES SE TAMISENT

Certes, rien ne remplacera jamais les nuits à la belle étoile. Mais un bon éclairage permet de profiter de son jardin à toute heure et quelle que soit la météo. C’est le cas des nouveaux plastiques translucides et étanches qui laissent passer une belle lumière diffuse. Beaucoup d’éclairages munis de leds apparaissent à l’extérieur. Les diodes électroluminescentes consomment moins et ont une durée de vie supérieure aux ampoules classiques. Le lampadaire Bonheur avec son abat-jour intégré (éd. Serralunga) et la lanterne Kabaz, d’inspiration marocaine, chez Modular, reprennent les codes de l’éclairage classique tout en intégrant ces technologies de pointe. La baladeuse Soho (éd. Myfab), autonome et tactile, et le lampadaire Tree (éd. Vibia), en forme d’arbre, qui se confond dans le paysage, en sont un peu leurs avatars, dans une version radicalement contemporaine.

LES COULEURS SE LA JOUENT NATURE

Un parfum d’épices flotte au-dessus des nouveaux tissus conçus spécialement pour l’outdoor, comme ceux de chez Lelièvre, en acrylique. Telluriques, charnelles, végétales… les couleurs dites  » organiques  » sont partout. Sywawa, fabricant de parasols originaux, a choisi un rouge coquelicot pour son nouveau modèle Paddo, en forme de corolle de champignon. Chez Ikea, le vert tilleul est à l’honneur sur une salle à manger en fer toute simple. Un ton d’ailleurs plébiscité par B&B Italia, qui vient de présenter une nouvelle gamme luxueuse, baptisée Charles : des canapés et des chaises longues composés d’une structure en résine synthétique tressée couleur terre et de matelas hydrofuges, dessinés par le célèbre designer italien Antonio Citterio.

LES MATIÈRES NATURELLES TRIOMPHENT

Conscience verte oblige, les essences 100 % naturelles, oubliées depuis le début des années 90, opèrent un retour en force. Plus chaleureux et tactiles que le métal ou les résines, ces matériaux inspirent les créateurs. Le Néerlandais Piet Hein Eek vient de dessiner des paniers et des corbeilles fabriqués au Vietnam avec Fair Trade Original. L’Italien Cassina vient, lui, de lancer l’édition de la chaise longue Tokyo en bambou, créée par Charlotte Perriand en 1940 et jamais produite depuis.

LE CLASSIQUE EST ÉTERNEL

Pendant que les usines Fermob ressortent les salles à manger en fer de nos grand-mères en version mandarine (collection 1900), les ébénistes de l’atelier Massant réalisent à la main, pièce par pièce, des canapés et des chaises bleu ciel en teck, de style Régence. Jusqu’ici synonyme de contemporain, l’outdoor traverserait-il une crise de nostalgie ? Le salon en aluminium 1800 de Tectona, imaginé d’après un modèle de Madeleine Castaing, nous invite lui aussi à investir dans les lignes pérennes. Une autre façon de consommer écolo.

LE MÉTAL SE FAIT LÉGER

Le métal façon grillage inspire les créateurs. François Azambourg vient de signer pour Cinna une nouvelle gamme de fauteuils de jardin conçue avec des feuilles de métal ajourées, pliées à la manière de l’origami. Tout aussi arty, les modèles N.U.D.E., du collectif WA.DE.BE, et Grasshopper, de Wieki Somers pour Tectona. Au-delà de son esthétique et de l’économie de matière qu’il représente, le métal ajouré agit comme un thermorégulateur, comparé au métal classique qui chauffe au soleil. En d’autres termes, il évite de se brûler les fesses. Parfait pour les balcons et les petites terrasses, le système de table et de bancs en bois et acier laqué Up Up Up d’Hélène Van Marcke pour Vange se déplie et se replie en un seul mouvement.

LE NÉO-JUNGLE DÉBARQUE

Tables en teck et chaises en cordes synthétiques tressées comme des lianes : le designer italien Rodolfo Dordoni signe toute une gamme de mobilier d’extérieur pour Kettal dans un esprit  » luxe brut « , du salon à la salle à manger. Ailleurs, le style ethnique de 2011 conjugue exotisme avec minimalisme, comme sur les coussins en tissu hydrofuge d’Ego Paris. Entre retour aux sources, métaphore d’une végétation à laquelle on voudrait rendre ses droits ou simple invitation au voyage.

LE RECYCLAGE DEVIENT CHIC

On connaît l' » upcycling  » et les designers adeptes de cette démarche qui consiste à donner une seconde vie à des objets en les rendant luxueux. Quelques créations outdoor s’inscrivent dans cette tendance. Comme la chaise Sparkling (éd. Magis) de la star du design néerlandais Marcel Wanders, fabriquée avec du plastique provenant de bouteilles recyclées. Pour Fermob, Andrée Putman a conçu une chaise longue réalisée avec des ceintures d’avion tressées. Idée née suite à la découverte d’un stock d’échantillons récupérés du Concorde. La designer avait été appelée pour redécorer l’intérieur du supersonique dans les années 70… Jolie histoire pour une créatrice qui a toujours voulu marier le riche et le pauvre et jouer avec les contrastes de matières. Dans un autre style, l’éditeur Sculptures-Jeux, spécialiste des tables escamotables et dépliables, a eu l’idée de récupérer des tonneaux de vin pour en faire des meubles racés.

GREEN KID

Après Fermob, c’est au tour de Manutti (photos) de s’adapter aux enfants. La marque a revisité avec de la fibre synthétique, plus résistante, des modèles cultes autrefois réalisés en rotin. Couleurs terre, sable ou coquillage : un parfum  » nature  » pour les tout-petits. Et pour leur apprendre très tôt à interagir avec elle, Nature & Découvertes, qui a conçu l’an dernier des outils de jardin pour eux, lance à présent une petite chaise à bascule en bois de pin brut, qu’ils pourront peindre ou colorier. Vive la green generation !

Carnet d’adresses en page 118.

PAR OSCAR RIVERO

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