bare minimum monday
Tentant, le Bare Minimum Monday? Getty Images

En faire le minimum le lundi: le Bare Minimum Monday est-il un moyen d’éviter le burn out?

Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Evoquée épisodiquement, rêvée souvent, la semaine de 4 jours n’est toujours pas une réalité, sauf pour certains chanceux qui travaillent pour une entreprise avant-gardiste – ou qui ont simplement décidé de passer au 4/5e. Un temps partiel que s’offrent les adeptes du Bare Minimum Monday sans renoncer au moindre euro de leur salaire.

Appartenant respectivement aux générations Z, Millenial et X, Thibault Dejace, Kathleen Wuyard, Nicolas Balmet et Nathalie Le Blanc confrontent leurs points de vue sur le buzz du moment dans notre chronique « 10 ans d’écart ». Le sujet de la semaine: le Bare Minimum Monday, concept popularisé sur TikTok (where else?) post-burnout par l’Américaine Marisa Jo Mayes, qui prône une approche à la cool du premier jour de la semaine pour voir sa productivité augmentée les quatre jours qui restent.

@itsmarisajo

Reply to @itsmarisajo 😴📉🐢 #bareminimummonday

♬ Young Folks – Shindig Society
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Thibault, 23 ans: « Le Bare Minimum Monday est un luxe inaccessible pour un free-lance »

Bon, pour être honnête, je me vois mal louer les bienfaits de cette pratique dans les prochaines lignes (évitons tout drame professionnel, on ne sait jamais qui pourrait lire cette courte chronique…) mais j’avoue que le lundi n’est clairement pas mon jour préféré de la semaine.


Étant free-lance, le Bare Minimum Monday me semble très peu accessible si je veux payer mon loyer et continuer de travailler (et écrire cette superbe rubrique). Cependant j’ai réussi à développer quelques stratégies pour contourner le monday blues et essayer d’illuminer cette journée grise. La voici en 3 étapes.

  1. Ne pas travailler le lundi. Et oui, relativement radical certes mais efficace au possible. Après c’est un peu comme un Super Joker… J’en ai un toutes les lunes, il s’agit donc l’utiliser à bon escient.
  2. Si je dois travailler le lundi, ce qui arrive très souvent, l’ambiance est importante. Cette journée étant bien souvent dédiée au télétravail, je m’emmitoufle donc confortablement dans une chouette tenue (aka mon pantalon de training, des grosses chaussettes et un hoodie), je me fais une grande tasse de café (un litre environ, pour la matinée devrait suffire) et je mets ma playlist favorite (pour l’instant, et depuis plusieurs semaines le dernier album de Taylor Swift – Midnights – me hante. La 3 AM version.) et c’est parti hein.
  3. Une petite promenade sur le temps de midi, avec un café à emporter et un podcast dans les oreilles. Histoire de mettre le nez dehors et d’avoir mes 10 000 pas quotidiens. Bon, j’avoue s’il pleut, je skippe l’étape. Et vu la météo de ces derniers jours, disons que j’ai plus souvent fini vautré dans mon canapé que dehors dans un parc bruxellois…

J’espère que ce mini guide vous permettra d’affronter le lundi qui arrive, de mon coté, c’est l’option 1 qui a été utilisée. Allez ! Bon (long) week-end hein !

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Kathleen, 33 ans: « Le simple fait d’y penser me file de l’urticaire »

Est-ce la faute à la rigueur germanique reçue en héritage, mon éducation jésuite ou bien un sale syndrome de l’imposteur dont je n’arrive pas plus à me défaire que nombre de femmes de ma génération ? Probablement un savant mélange des trois, mais le fait est que la simple idée de glander en loucedé pour commencer la semaine me file de l’urticaire.

Attention, que ce soit clair, je n’aime rien tant qu’un petit weekend de trois jours des familles, mais s’il est officiel et acté dans le calendrier, pas si je me l’offre aux frais de la princesse. Et que je suis donc condamnée à le passer soit à stresser en imaginant de manière vivace mon renvoi imminent, soit à me lancer dans une furieuse session de tri + rangement + nettoyage pour compenser une oisiveté bien mal acquise. Psychorigide, moi ? Si peu, mais le travail, c’est la santé (mentale) donc je pars du principe qu’en m’activant le lundi, je me soigne.

Nicolas, 43 ans: « Si quelqu’un pouvait inventer la même tendance pour le mardi je serais comblé »

Ainsi donc, on y est. Après des décennies entières de règne absolu, l’expression « Lundi, c’est raviolis » est en passe d’être détrônée par ce vigoureux « Lundi, je m’en tamponne le kiki ». J’ai envie de dire « enfin ! », surtout depuis que je me suis remis au sport et que, dès lors, bouffer des raviolis tous les lundis, ça ne m’arrangeait plus trop.

Mais j’ai aussi envie de remercier celui qui a inventé ce merveilleux concept, qui va enfin me permettre de vivre des fins de week-ends beaucoup plus sereines. Parce que l’air de rien, ça change tout. A partir de maintenant, chaque dimanche soir, en sachant de quoi mon lundi sera fait (de glandage total, donc), qu’est-ce qui m’empêche d’aller au cinoche pour voir le dernier Scream, d’inviter quelques amis à profiter des soirées printanières dans mon jardin, de faire plein de vidéos TikTok (non, je déconne) ou même d’aller m’offrir un menu 3-services + digestif au restaurant ?

C’est la Liberté avec un grand L qui s’offre à moi, et j’en tremble de bonheur. Je dirais même que c’est une nouvelle vie qui commence, et tant pis si ça implique de virer de ma playlist les chansons I don’t like mondays ou Le lundi au soleil, pamphlets anti-lundis qui m’ont longtemps servi de pansements en ces moroses débuts de semaine. Ce n’est pas grave, je passe volontiers à autre chose, vraiment. No stress.

En plus, la bonne nouvelle, c’est que j’ai désormais une journée de plus pour découvrir d’autres trucs dans mon casque, les pieds sur la table de mon bureau et les yeux fixés sur les petits moineaux qui chantonnent à travers ma fenêtre. C’est trop génial, j’adore. Si quelqu’un pouvait inventer la même tendance pour le mardi, je serais carrément comblé.

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Nathalie, 53 ans: « Je suis peut-être vieux jeu, mais le Bare Minimum Monday est un non-sens pour moi »

Je suis peut-être vieux jeu, mais le principe du quiet quitting est un non-sens pour moi. Voyez plutôt: on en exige tellement des employés que le simple fait de bien faire son travail, sans tâches supplémentaires, heures supplémentaires ou efforts supplémentaires, est considéré aujourd’hui comme un raccourci.

Ne vous méprenez pas, j’aime mon métier et le travail acharné ne me fait pas peur. Mais je ne trouve pas normal que cette passion se transforme en levier pour exiger des performances inhumaines de la part des gens. Un travail bien fait est plus que suffisant, je pense. Autant dire que je valide donc l’idée d’un lundi que l’on ne commence pas par une liste kilométrique de choses à faire de toute urgence, mais que l’on met plutôt à profit pour se remettre du weekend et jeter les bases de la semaine à venir. sauf si j’ai une deadline serrée à respecter, bien sûr: alors c’est toutes voiles dehors, en attendant le #quietquittingtuesday du lendemain.

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23, 33, 43, 53 ans: voit-on forcément la vie autrement avec (plusieurs fois) dix ans d’écart ? Positionnés chacun dans une décennie différente, nos journalistes confrontent chaque vendredi leurs points de vue en débattant des sujets dont tout le monde a parlé lors de la semaine écoulée.

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