string en top
Le string en top DR Vif Weekend

La mode du « string en top » signe-t-elle officiellement la mort du bon goût?

Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste & Coordinatrice web

23, 33, 43, 53 ans: voit-on forcément la vie autrement avec (plusieurs fois) dix ans d’écart ? Positionnés chacun dans une décennie différente, nos journalistes confrontent chaque vendredi leurs points de vue en débattant des sujets dont tout le monde a parlé lors de la semaine écoulée.

Appartenant respectivement aux générations Z, Millenial et X, Thibault Dejace, Kathleen Wuyard, Nicolas Balmet et Nathalie Le Blanc confrontent leurs points de vue sur le buzz du moment dans notre chronique « 10 ans d’écart ». Le sujet de la semaine?

Le string en top

Soit exactement ce que cela sous-entend, même si le concept dépasse l’entendement. Et pourtant, sur TikTok (encore lui), le string en top gagne du galon, et s’invite sur les corps de toujours plus d’utilisatrices de la plateforme, ravies de tester ce haut qui donne une toute autre définition au concept de mode circulaire.

@sieling.j

When u remember I have free will #clothing #styling#underwear#fyp#fashion

♬ kill bill by sza – lyrics e traduções.
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Lancée par une certaine Joslyn, dont la vidéo a été likée à plus d’un million de reprises à l’heure d’écrire ces lignes, la tendance divise le web, tandis que nos chroniqueurs, eux, sont unanimes: le string en top, c’est non.

Thibault, 23 ans « Ce n’est pas parce que tu PEUX le faire que tu DOIS le faire »

Le temps passe, des empires se font et se défont, et pendant ce temps sur TikTok, le ballet incessant de tendances bat son plein. Véritable chassé-croisé frénétique, chaque semaine, une nouvelle « trend » vient en chasser une autre.

Cette semaine, on s’approche, une nouvelle fois, un peu plus du firmament. Avec un hack aussi étrange qu’il ne semble efficace, soit celui de porter des sous-vêtements en guise de top. Ainsi, de vidéos en vidéos, on découvre toute l’ingénuité de la génération TikTok pour faire des économies, ou réinventer la mode ?

Dans ce contexte, deux petites culottes se transforment aisément en soutien-gorge ou autre top. Alors… Par où je commence ? Déjà, ce n’est pas parce que tu PEUX le faire, que tu DOIS le faire. Ensuite, sincèrement, d’un point de vue esthétique, c’est quand même vachement moche, le string en top. Et enfin, elle sort vraiment comme ça ? Avec trois culottes sur le poitrail ?

Alors oui ! M’identifiant comme un homme cis, je n’ai pas de poitrine. Je ne peux donc pas tester ce hack qui me répugne autant qu’il m’intrigue. Mais ce n’est peut-être pas plus mal. L’effet escompté ne sera probablement pas atteint. Et puis, pas convaincu que mes boxers donneraient aussi bien. Enfin, peut-on vraiment faire pire ?

Kathleen, 33 ans: « Le string en top est un affront à la notion même de dignité »

Dotée par Mère Nature (à moins qu’il ne s’agisse des gènes transmis par la mienne, de mère) de ce qu’on pourrait qualifier de « poitrine voluptueuse », il m’arrive fréquemment de rêver de la troquer contre un bonnet A ou B, histoire de pouvoir enfin arborer tranquillement tous ces vêtements qui, pour moi, nécessitent un peu d’ingéniosité et pas mal de ruban adhésif double face.

Ceci étant, dans mes fantaisies de dressing éthéré et de silhouette androgyne à la Charlotte Gainsbourg, je ne me figure jamais nouer deux strings ensemble pour les arborer en guise de haut. Peut-être par manque d’imagination, peut-être aussi parce que j’ai beau avoir quotidiennement la preuve autour de moi que le ridicule ne tue pas, je préfère jouer la carte de la prudence et ne pas tomber raide-morte une fois saucissonnée dans ce qui n’est rien si pas un affront à la notion même de dignité.

Même si, je dois bien avouer que ça ferait une drôle de nécrologie. MDR.

Nicolas, 43 ans : « Rien ne se perd, tout se transforme »

En cette époque formidable où rien ne se perd (sauf les icebergs) et tout se transforme (surtout les bouches des influenceuses), difficile d’insulter une tendance qui semble avoir le mérite d’innover en matière de récup’. L’idée est donc louable, même si, personnellement, je ne la trouve pas complètement aboutie. Je m’explique. Quitte à vouloir faire preuve de créativité, pourquoi ne pas utiliser nos chaussettes pour en faire de jolis bonnets ? Et tant qu’à faire, justement : nos vieux bonnets, une fois l’hiver terminé, pourquoi ne pas leur offrir une seconde vie en les transformant en chaussons d’après-bain ? On peut même aller encore plus loin, si on veut carrément déborder d’imagination : les soutiens-gorge décrépits, on n’a qu’à en faire des protège-oreilles pour les enfants, non ?

Enfin bref : je suis convaincu qu’avec un peu de fantaisie, tout est possible, et c’est bien ça qui est merveilleux avec ce monde qui n’a peur de rien. Mon verdict est donc limpide : même si c’est moche (ah si, il faut être honnête, c’est moche), je suis plutôt en faveur de cette tendance. Et d’ailleurs, je sais déjà ce que je vais offrir à ma copine à son anniversaire : une belle écharpe fabriquée avec les vieilles semelles de mes sneakers agrafées l’une à l’autre. Je suis sûr qu’elle va trop kiffer.

Nathalie, 53 ans : « Idiot et peu pratique »

Soyons honnêtes, c’est idiot. Et peu pratique, car toute personne ayant plus qu’un bonnet A commettra une indécence publique et sera expulsée d’Instagram pour cause de mamelon en goguette. Mais bon, nous avons tous un jour été jeunes et bêtes.

Durant les années 80, j’ai moi-même passé chaque matin durant un an à me sculpter une banane à grand renfort de sèche-cheveux et de laque extra forte pour qu’elle survive à mon trajet en cyclomoteur jusqu’à l’école. Fort heureusement, il n’existe pratiquement aucune preuve photographique de cette erreur de jugement, d’autant plus maintenant que mon permis de conduire papier a été remplacé par une version plastique.

Il n’en va malheureusement pas de même pour les adeptes de TikTok, qui seront peut-être la risée de leurs (petits-)enfants vers 2050, et devront trouver une manière de leur expliquer pourquoi diable ils ont cru bon de draper leurs sous-vêtements autour d’eux. Heureusement, ils ont l’excuse parfaite : j’étais jeune, je faisais des bêtises pour me divertir et surtout, divertir le monde.

 

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