Nos 100 restaurants préférés, 6/8: Douze lieux qui tapent dans l’œil

Château Moderne, à Bruxelles. © SDP
Michel Verlinden Journaliste
Wim Denolf Journaliste Knack Weekend

Bien sûr, il ne viendrait à l’idée de personne de manger les rideaux. On aurait pourtant tort de croire que le décor ne contribue pas à l’expérience gastronomique. Douze lieux qui tapent dans l’œil.

RÉGION BRUXELLOISE

CHÂTEAU MODERNE

5, Coudenberg (Mont des Arts) à 1000 Bruxelles | Facebook: Chateau Moderne | Ouvert tous les jours | Plats entre 7 et 14 euros.

Le Frédéric Nicolay 2022 est arrivé et… c’est un très grand cru émaillé de citations archi (Wabbes, Gervers…). Avec ses 400 places (in et out), Château Moderne – le nom qui rappelle le fameux Château Marmont, à Los Angeles, a été trouvé par l’architecte Kersten Geers – en impose, sorte de quadrilatère tout en longueur dont l’immense terrasse solaire aligne une marquise d’une trentaine de mètres, des bancs formés par des poutres brutes, des arbres et des brumisateurs. A l’intérieur, c’est Byzance. En enfilade, cinq voûtes d’arêtes comme recouvertes à la feuille d’or surplombent le comptoir, derrière lequel patientent trois sets de pompes à bière et un inédit pistolet à soda qui évoque Tom Cruise dans Cocktail. La cuisine ne se prend pas la tête entre toasts à l’avocat, salades, bowls et burgers.

ENEKO BASQUE

47, rue du Fossé aux Loups à 1000 Bruxelles | enekoatxabrussels.com | Fermé dimanche et lundi | Plats entre 7 et 27 euros.

La franchise d’un grand chef, Eneko Atxa, implantée dans l’atrium monumental d’un grand hôtel, voilà qui peut faire craindre le pire. L’intimité est préservée par de grands luminaires en forme de soucoupes futuristes atténuant à la fois la vertigineuse perspective et assurant une sonorisation ouatée. Le tout pour un décor classieux cerné de photographies modeuses rétroéclairées doublé d’un agencement de tables préservant des indiscrétions. La carte se divise en petites et grandes assiettes faisant le lien entre comfort food et produits d’exception: tartare végétal, brioches basques farcies d’une émulsion d’anchois et d’anguille fumée, pain de cristal proposé avec du jambon Joselito et du fromage Idiazabal, voire saucisse de porc txistorra. Flacons ibériques au-dessus du lot.

TAVERNE DU PASSAGE

30, galerie de la Reine à 1000 Bruxelles | latavernedupassage.be | Ouvert tous les jours | Plats entre 18 et 45 euros.

On vient ici humer un Bruxelles qui n’existe plus vraiment, un lieu où l’on soigne sa «daddy nostalgie», comme dirait Bertrand Tavernier. Dès l’entrée, le décor Art déco séduit avec ses banquettes, son carrelage à damier et ses nappes blanches. Au plafond, une version dorée des fameux origamis de Charles Kaisin met le restaurant à l’unisson de la galerie qui l’abrite. La carte, entre les mains du très jeune Antoine Mariscal, aligne sans surprise les classiques: croquettes aux crevettes, filet américain ou sole meunière de bonne facture. Mais il est aussi question de plats plus en phase avec l’air du temps, comme un steak de chou-fleur au sésame ou un carpaccio de poulpe aux agrumes. Carte des vins ultraclassique mais qui a la bonne idée de proposer quelques flacons du pays.

WINERY BOITSFORT

1, rue des Trois Tilleuls à 1170 Bruxelles | winery.be | Fermé dimanche soir et lundi | Assiettes entre 10 et 22 euros.

Avec ses jolis contours boisés à claire-voie qui tressent une couronne de laurier aux bouteilles de vin (impeccable sélection), Winery Boitsfort prouve qu’un décor n’a pas besoin d’être spectaculaire pour bluffer. Ouvert sur la place, cette cave à manger a des allures de villégiature villageoise. Soit un vrai havre de paix hédoniste idéalement prolongé par la cuisine de Benoît Bodivit, chef originaire de Concarneau. Passé par des maisons traditionnelles françaises et des adresses australiennes décalées, ce talent jongle entre technique et créativité à travers des compositions qui exacerbent le végétal sans être forcément végétariennes – superbe aubergine au chaource amandes caramélisées et vinaigre de framboise! On peut aussi y déguster des planches de salaisons et des tapas variées.

Wokr17, à Ixelles.
Wokr17, à Ixelles. © SDP

WOKR17

17, rue du Berger à 1050 Bruxelles | wokr.eu | Fermé lundi, mardi, mercredi midi, jeudi midi, vendredi midi et dimanche soir | Assiettes à partager entre 6 et 18,50 euros.

Adresse plurielle, wokr17 se veut à la fois espace de coworking, cocktail bar et restaurant. Dès l’entrée, on est frappé par le magnifique bar habillé d’étagères en verre, d’un comptoir doré et d’un plafond-fresque tout en couleurs. L’endroit se distingue par un décor aussi léché qu’imparable – ainsi de la salle faisant place à une magnifique table en marbre vert surmontée d’un luminaire en forme de nuage. Aux manettes du restaurant, Sol et Mat, deux jeunes chefs résidents formant un couple belgo-équatorien. S’appuyant sur une maîtrise technique de haut vol, le tandem envoie des mets décontractés de la frontière – on passe sans transition de l’Amérique latine à la Corée: bao aux haricots noirs, poitrine de porc sauce aigre-douce ou encore os à moelle chutney de fraise et rhubarbe.

WALLONIE

LA GRAPPE D’OR

317, route de Luxembourg à 6700 Arlon | lagrappedor.com | Fermé lundi midi, samedi et dimanche | Menus à 58, 85, 105 et 125 euros.

En quittant Torgny pour Arlon, Clément Petitjean et Monia Aouni se sont offert une scène de théâtre à la hauteur de leur talent. Le couple s’est installé dans une imposante villa scindée en deux espaces, l’un en forme de warm-up apéritif, l’autre en guise de salle à proprement parler. Cette bipartition introduit du mouvement au cœur de l’expérience gastronomique. Décliné dans les tons pastel et ouverte sur un paysage que poétise un rideau de tulle, l’espace épate avec son mobilier d’artisan, sa dimension feutrée et ses nuages en treillis dont l’ombre se projette sur les murs. Au sommet de son art, Petitjean égrène des assiettes végétalisées bluffantes – tartare de veau câpres de capucine, sole limande jus vert, épaule d’agneau confite kimchi.. Possibilité d’accords mets-bières et chariot de fromages du turfu.

LA TABLE DE LA MANUFACTURE URBAINE

10, place Emile Buisset à 6000 Charleroi | Facebook: La Table de La Manufacture Urbaine | Fermé dimanche, lundi et samedi midi | Menus à 30, 42, 55 et 65 euros.

On s’installe ici aux premières loges, comprendre le long de la rambarde qui offre une vue plongeante imprenable sur la cuisine. Ce poste d’observation permet de ne pas perdre une miette du ballet gourmand opéré par le chef Fabrizzio Chirico et son équipe. Le décor allèche entre tapis mimant la minéralité, luminaires sobres, table en bois patinée et bocaux lacto-fermentés. En entrée, l’assiette «Un peu de tout» raconte une générosité toute carolo: bœuf Holstein en carpaccio, joues de lotte supragourmandes, rillettes cernées de légumes, ailes de poulet inspirées par la Corée… Choisi en plat, le ceviche régale avec ses framboises et son croquant de riz. La carte des vins abrite une perle, le Chénas de Paul-Henri Thillardon. Seule ombre au tableau: le service, froid et blasé.

L’ATELIER DE BOSSIMÉ

2B, rue Bossimé à 5101 Namur | atelier-de-bossime.be | Fermé dimanche et lundi | Menu de 42 à 85 euros.

En découvrant cette ancienne ferme familiale un peu perdue au milieu de nulle part, on ne suspecte pas cet intérieur lumineux et cosy mêlant la pierre, le cuir, le métal et le bois. Les grandes baies vitrées offrent une vue apaisante sur la nature environnante. La cuisine ouverte, quant à elle, laisse flotter des effluves prometteuses. La carte propose un menu unique décliné de 3 à 6 services appelés «moments». Le tout est directement inspiré par la saison et les récoltes du jardin. On retient le moment viande composé d’agneau cuit à basse température, de carottes en deux façons et de pommes dauphines au parmesan. On ne pense plus à rien, on savoure jusqu’au moment sucré, soit un mélange savant de fruits rouges et de violette qui laisse sans voix.

RIVA BRASSERIE

7, esplanade Albert 1er à 4000 Liège | riva-brasserie.com | Fermé mardi et mercredi | Plats entre 19,50 et 44 euros.

Pour les Bruxellois, on dira de cette adresse qu’elle est à Liège ce que le Canterbury représente pour la capitale. Traduction? Un indémodable sans fausse note où l’on vient montrer qu’en plus d’être fortuné, on aime et connaît les bonnes choses. On savoure d’autant plus le décor manucuré et la vue sur la Meuse que l’équipe en place est constamment aux aguets, soignant les détails les plus modestes (eau aromatisée, huile d’olive…) aux plus nobles (carte des vins classique dans laquelle même le naturiste s’y retrouve, avec notamment des flacons de Jean-Baptiste Sénat). Ce Riva connaît ses classiques sur le bout des doigts, à l’instar d’un carpaccio exécuté façon Cipriani ou d’une salade Caesar dont la volaille fermière cuite à basse température est une caresse au palais.

FLANDRE

ATELIER GIST

21, Goeferdingeplein à 9500 Goeferdinge | ateliergist.be | Fermé lundi, mardi et mercredi | Menu 7 saveurs à 73 euros, 12 saveurs à 125 euros.

Manger à l’Atelier Gist est une expérience pour tous les sens. D’abord, parce que les plats de Jason Spinoy vous submergent, ce qui vaut également pour les boissons servies par Laurence Menten, sa partenaire. Mais le cadre dans lequel vous, en tant que client, vivez ce moment apporte une dimension supplémentaire. Pendant l’année, l’on s’installe à l’intérieur, dans la grange magnifiquement aménagée avec de nombreuses fenêtres, de la lumière et une cuisine ouverte. Mais durant les mois d’été, tout le restaurant se déplace à l’extérieur. Même concept, même cuisine, mais dans la verdure sous une tente ouverte, l’expérience est encore plus unique.

Atelier Gist, à Goeferdinge.
Atelier Gist, à Goeferdinge. © SDP / KRIS JACOBS

COLETTE- DE VIJVERS

Judocus Pauwelslaan à 3271 Averbode | restaurantcolette.be | Fermé mardi, mercredi et samedi midi | Déjeuner dès 62 euros, dîner dès 135 euros.

Accompagné de son équipe, Thijs Vervloet cuisine à un très haut niveau depuis des années, et cela se traduit par les deux étoiles que le restaurant arbore fièrement. Bien évidemment, il faut tout d’abord réserver pour vivre cette surprenante histoire culinaire mais l’attente en vaut la peine, d’autant que la table s’est récemment installée dans un joyau végétal. Le Domein De Vijvers possède près de 90 hectares de nature intacte avec des forêts, des étangs et beaucoup de verdure. De quoi combler les yeux, en plus de l’estomac.

VA & VIENT

20, Handboogstraat à 8500 Courtrai | vaetvient.be | Fermé dimanche et lundi | Menus entre 40 et 80 euros.

Avec un CV comme celui de Matthias Speybrouck, il est logique que la barre soit placée haut pour son restaurant. En effet, ses passages chez Huysentruyt, Sergio Herman et Kobe Desramaults ne sont pas des moindres. Va et Vient est un lieu incontournable de Courtrai et peut compter sur une clientèle fidèle séduite par le style brut mais raffiné de la cuisine, mais également par le cadre magnifique. Durant les mois d’été, il concourt également pour le titre de plus belle terrasse du pays. Au bord de la Lys, l’endroit est particulièrement agréable pour dîner.

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