5 bonnes raisons de (re)découvrir la Jordanie

L’accession de Pétra au rang de  » nouvelle merveille du monde  » offre l’occasion d’un époustouflant voyage au royaume hachémite. Weekend se lance sur les traces du mythique Lawrence d’Arabie.

D’abord, il y a les Jordaniens. Souriants, courtois, serviables : sauf exception, aussi hospitaliers qu’on puisse l’être. Mais ce n’est pas tout. La gastronomie est jubilatoire, les sites sont époustouflants – châteaux-sentinelles, Djerach, vaste cité romaine admirablement préservée… Et il y a l’emblématique Pétra, élue en juillet 2007 comme l’une des  » sept nouvelles merveilles du monde « . Le royaume hachémite, croissant ocre niché entre Israël, Syrie, Irak et Arabie saoudite, a suffisamment d’atouts pour faire oublier ses instables voisins. Pour tenter les écotouristes, des réserves naturelles s’ouvrent les unes après les autres. Sur les sites archéologiques, dépoussiérés, naissent moult spectacles en plein air. De plus, inutile de poser un mois de vacances : une (longue) semaine suffira pour revenir charmé. Reste à savoir quand partir. On évitera les chaleurs suffocantes propres aux pays désertiques durant l’été. Conclusion : la meilleure saison pour (re) découvrir la Jordanieà c’est l’automne. Et, si vous hésitez encore, voici cinq bonnes raisons de sauter le pas.

1. Arpenter les ruines de Pétra

Découverte par un aventurier suisse en 1812, fouillée dès 1929, la cité, devenue capitale des Nabatéens, patrons des routes caravanières, quelques siècles avant l’ère chrétienne, paraît avoir livré tous ses secrets.  » Tu ne sauras jamais rien de Pétra si tu ne t’y rends pas toi-même « , écrivait Lawrence d’Arabie dans Les Sept Piliers de la sagesse. Comme il avait raison ! On découvre d’abord, au bout d’un étroit canyon né des secousses de la Terre, le tombeau du roi Arétas III, merveille ciselée dans la falaise. Puis les yeux s’habituent au rougeoiement de la pierre, pour distinguer l’art de la roche brute : ici, un théâtre, là, une ancienne prison, ailleurs, des tombeaux mordorés, gigantesques, découpés dans la roche. La ville compte 800 sites.  » La bariolée  » : c’est ainsi que les Nabatéens baptisèrent Pétra. Il suffit de se glisser au c£ur d’une des vastes grottes érodées dans le grès rose pour être fasciné. La pierre sableuse s’effrite en colonnes, en cheminées tortueuses, en chaos de blocs – totems que le cuivre, le fer, le manganèse et le bronze, tapis dans la rocaille, ont lacérés de volutes arc-en-ciel. Pas un bruit. En contrebas, des Bédouins, expulsés de ce site où ils vivaient encore dans les années 1980, embrasent un fagot sur le seuil d’un tombeau. Eux le savent : pour savourer Pétra, il faut y aller, et y retourner. Surtout au petit matin, quand la lumière de l’aube met doucement le feu aux façades. Alors, et pour quelques instants encore, le site et ses splendeurs appartiennent aux heureux lève-tôt…

2. Randonner dans la réserve de Dana

 » Vivement la balade !  » s’impatiente Harriet, une Anglaise botaniste passionnée de fleurs sauvages, en refermant sa tente posée sur la lande vert tendre. Sûr que miss Harriet ne sera pas déçue. La nature a été généreuse avec la zone montagneuse de Dana, dans l’est du pays. Les genévriers fleurissent, la camomille jaune poussin tapisse les chemins. D’innombrables variétés de plantes s’entremêlent aux roches : Artemisia, jadis utilisée pour cautériser les plaies, et l’asparagus blanc s’accrochent aux pierres grenat. Au loin, des crêtes coupantes côtoient des monts dodus. De la vallée montent des brumes qui, parfois, dissimulent les animaux étranges, grenouille couronnée ou cochon rieur, que l’érosion a sculptés au sommet des falaises de grèsà Désertée par les nomades lorsque ceux-ci s’en sont allés chercher du travail en ville, cette région féerique accueille désormais un peuple discret : dans ses arbres noueux nichent 215 espèces d’oiseaux. Les loups et les rares bouquetins de Nubie y flânent aussi, la nuit tombée. Dana est l’une des  » réserves de la biosphère  » de l’Unesco. Ce sont les écolos qui l’aiment le plus. Mais les randonneurs y sont les bienvenus. Ils auraient bien tort de passer à côtéà

3. Savourer les deux visages d’Amman

C’est à peine si le touriste, pressé, jette un coup d’£il à la capitale du royaume jordanien. Erreur : cette ville métisse, où cohabitent Jordaniens, Palestiniens et, désormais, réfugiés irakiens, n’a certes ni souks flamboyants ni mosquées spectaculaires. Mais dégage une énergie bourdonnante, dont il serait dommage de se priver. Après un crochet par la citadelle et le beau théâtre romain, place à la pause dans la ville basse. Au café Al Rasheed Court, niché au premier étage d’un building coloré, joueurs d’échecs et buveurs de thé surveillent ce quartier populaire du haut de leur perchoir, un narguilé à la main. En bas, les marchands de croissants de lune (emblème de l’islam) en ferraille attendent le chaland. Le chant du muezzin s’élève et l’odeur des falafels affole les papillesà La ville basse compte autant de vendeurs de hidjabs que de pâtisseries. Au menu : douceurs au miel, à l’eau de rose et au sirop. Plus haut, sur les collines, Amman l’Occidentale fait défiler ses hôtels fastueux, ses villas flambant neuves et ses bars bondés, où filles et garçons branchés se retrouvent au crépuscule. Amman a certes deux visages. Mais, partout, elle offre un accueil 5-étoiles à qui prend la peine de la découvrir.

4. Goûter au silence et à la beauté du Wadi Rum

Mahmoud regrette les courses-poursuites dans les plaines sableuses au lever du soleil. Les soirées passées à rêvasser face aux roches écarlates, taillées à vif par le vent et le sable. Les nuits à compter les étoiles. Mahmoud regrette son enfance, dans le Wadi Rum. Ce désert était le sien. Comme la majorité des Bédouins vivant jadis sous les beït al-ch’ar, tentes en poil de chèvre, il a été relogé plus loin,  » en dur « , dans les années 1990. Son ex-terrain de jeu, l’ancien QG de Lawrence d’Arabie pendant la grande révolte arabe, est désormais une zone protégée où s’ébattent chats des sables et touristes. Ces derniers sont ravis, forcément. Ici s’offre un paysage lunaire, sublime : vallées orangées cerclées de falaises de grès, arches de roche laiteuse posées sur les dunes, massifs montagneux dentelés… Bienvenue dans le Wadi Rum, mirage minéral coiffé d’un ciel bleu Klein. Au vie siècle avant l’ère chrétienne, les Nabatéens, puis les Thamudéens y vécurent, ornant leurs grottes de dessins. Aujourd’hui, le Wadi Rum appartient aux Haoueitates. Ces Bédouins l’affirment : ils descendent à la fois des Nabatéens et du Prophète. Ils disent aussi que leur désert est l’un des plus beaux du monde. Sur ce dernier point, il faut les croire…

5. Barboter dans la mer Morte (pendant qu’il en est temps)

Elle plonge, la mer Morte ! Ce vaste lac salé, faiblement approvisionné, s’évapore de 1 mètre chaque année. D’ici à 2050, il pourrait même disparaître… Aller y (sur) nager est une urgence. On déniche l’une des rares plages publiques, ou bien l’on squatte celle de l’un des jolis hôtels qui bordent la côte. L’onde, translucide, est saturée de chlorure de sodium… c’est parti pour une séance de flottaison parfaite. Autre agréable récréation : l’expérience du spa. Sur les berges, la boue, gorgée de minéraux, est parée de mille vertus thérapeutiques. A la carte du Zara, l’un des meilleurs centres de soins du Moyen-Orient : massages, gommage au sel… La nuit tombe. Sur la rive opposée, les lumières tremblantes de Jéricho et de Jérusalem s’allument. Luxe, calme, volupté, moiteur. Un parfum d’orchidée embaume l’air. Le niveau de la mer Morte baisse toujours, mais, comment dire ? A ce moment précis, c’est le cadet de vos soucis…

Véronique Mougin – Photos : Philippe Brault pour Weekend

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