Les précollections en Belgique
L’été en plein hiver, l’hiver en plein été… Les précollections jouent la carte de la nouveauté. Mais en Belgique, quand certains s’y adonnent, d’autres leur reprochent de n’être qu’un argument de marketing…
LES POUR
Chez Xandres, cela fait quatre ans déjà que les précollections existent : » Prewinter » et » Presummer « , auxquelles s’ajoutent également » Midnight « , une collection pour les fêtes, et » High Summer « . Pour Isabelle Santens (1.), Managing Director de la société Andres N.V., les clients souhaitent du changement dans les rayons. » Je crois que le temps des deux grandes saisons est un peu passé dans la mode, estime-t-elle. Nous sommes convaincus que quand la consommatrice entre dans une boutique, elle veut voir des nouveautés. Toutefois, on essaie de livrer des modèles qui peuvent se porter tout de suite. » Les précollections représentent aujourd’hui 10 % du chiffre d’affaires de Xandres. Et la société compte le porter à 20 %. Hampton Bays, qui fait partie du groupe, a également adopté, depuis novembre dernier, ce dispositif permettant ainsi à la fashion addict de se procurer les dernières nouveautés printanières dès l’arrivée des grands froids.
Si certains, comme Essentiel, se sont lancés dans les précollections, d’autres se tâtent encore mais souhaitent tout de même tenter l’expérience. C’est le cas notamment chez Natan. Même si ce n’est pas encore opérationnel, le couturier Edouard Vermeulen (2.) y pense pour les saisons à venir, répondant, selon lui, à la demande du marché. Bellerose s’y prépare également afin de sortir des précollections pour l’été 2009, aussi bien pour les femmes que les hommes, voire les enfants. Quant à l’aspect marketing, qui est souvent pointé du doigt, cela n’est pas vu ici de la même façon. » Je crois que la clientèle multimarques est tout à fait ouverte à cela « , se réjouit Bruno Nissen, administrateur délégué.
LES CONTRE
Si certains s’enthousiasment pour les précollections, d’autres, en revanche, prétendent qu’elles relèvent tout simplement d’une technique de vente. Sonja Noël (3.), aux rênes de Stijl, la première boutique bruxelloise dédiée aux stylistes belges, et présidente de l’ASBL Modo Bruxellæ comprend tout à fait que peu de créateurs belges se lancent dans les précollections. Pour les plus jeunes d’entre eux, il est difficile de s’organiser, et de sortir plusieurs petites collections par an. » C’est le système italien, lui-même issu du système américain, qui pousse à créer des précollections et cela simplement pour attirer des clients et faire tourner les affaires, souligne Sonja Noël. C’est plutôt un système de marketing qu’un système basé sur la créativité. D’autant plus que les précollections que proposent les Italiens et les Américains, ne sont pas vraiment créatives. Ce sont plutôt des idées simplifiées. » La fondatrice de Stijl préfère ainsi dévoiler à sa clientèle les nouveautés lors des grandes collections et attendre le mois d’août pour présenter l’hiver et le mois de février pour l’été.
Même parti pris chez Olivier Strelli (4.). » C’est une culture qui n’existe pas vraiment en Belgique, explique le maestro de la couture made in Belgium. Pour ma part, je ne veux pas faire de précollection été, fin novembre, car je n’y arrive pas au niveau créatif et nous n’avons pas la mise en place nécessaire. D’autant plus que nos clients ne sont pas intéressés par des collections de mi-saison. Ils achètent du plein été ou du plein hiver. » Ces petites collections qui permettent de maintenir les ventes toute l’année ne seraient donc, avant tout, qu’une affaire de marketing.
Dominique Sohy
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici