Sushi terrorism: la fin des restaurants de sushis est-elle proche?

10 ans d'écart
10 ans d'écart, le sushi terrosism signe t-il le glas des bonnes manières

Les restaurants de sushis au désormais iconique tapis roulant sillonnant le lieu semblent perdre de leur splendeur. La dernière tendance en la matière? Se filmer en train de lécher plats et couverts, chipoter aux sauces et sushis avant de les replacer sur le tapis roulant. Le phénomène porte même un nom: le « sushi terrorism » et notre quatuor intergénérationnel s’en est emparé.

Appartenant respectivement aux générations Z, Millenial et X, Thibault Dejace, Kathleen Wuyard, Nicolas Balmet et Nathalie Le Blanc confrontent leurs points de vue sur le buzz du moment dans notre chronique « 10 ans d’écart ». Le sujet de la semaine: le « sushiterrosim » une série de prank qui tourne mal et qui prend de l’ampleur, au Japon comme ailleurs.

Thibault, 23 ans: « La place des poissons, crustacés et algues est au fond des océans »

Bon, à l’heure d’écrire ces quelques lignes placées sous le signe du sushi, je me vois contraint de vous avouer un secret… Je déteste le poisson. Ou tout ce qui a un rapport de près ou de loin à la mer. Chez moi, poissons, crustacées et algues restent bien au fond des océans, et bien loin de mon assiette.

Cette aversion profonde, qui me colle à la peau depuis ma plus tendre enfance, fait que je n’ai jamais mis les pieds dans un restaurant de sushi. A part pour y commander, en me bouchant le nez et en triple vitesse, un donburi au poulet. J’ai donc toujours regarder avec une fascination entremêlée de dégoût ces personnes picorant, ça et là, ces rouleaux qui étaient disposés sur un tapis roulant.

Et vu que l’heure est à l’honnêteté, je dois bien avouer que j’ai toujours été très intrigué par ce respect (visiblement de façade) que tout le monde semblait afficher dans ce genre d’établissement. Et à l’ère post-covid, je dois bien avouer que l’aspect hygiénique d’un tel concept me questionne de plus en plus…

Alors pour faire court, on va pas se mentir, cette dernière tendance dégoutante me conforte bien dans mon choix de ne jamais déguster cette spécialité japonaise.

Kathleen, 33 ans: « N’existe-t-il donc plus rien de sacré dans ce bas monde? »

Des mes années ULB, il me reste un goût prononcé pour le libre-examen et les sandwiches généreusement garnis de chez Stubbe (les vrais savent) mais aussi des réminiscences impromptues, souvenirs d’heures passées à bloquer page après page de résumés. Parmi celles-ci, le principe fondateur du terrorisme tel que défini par ses pionniers, qui choisissaient les cibles les plus incongrues pour leurs actes de violence, parce que rien n’est plus terrifiant que la sensation que rien ni personne n’est à l’abri. 

En ça, qualifier le comportement qui nous occupe de « sushi terrorisme » est des plus adaptés, car si on ne peut même plus bénéficier d’un peu de quiétude face au roulis berçant d’un tapis à sushi, alors où?! N’existe-t-il donc plus rien de sacré dans ce bas monde? Il semblerait que non. Et moins on en parle, mieux on se porte, parce que c’est un véritable pois(s)on pour notre société. 

Nicolas, 43 ans: « Ce sushi terrorisme est d’une bêtise répugnante »

Il faut savoir, chers lecteurs, que les quatre personnes qui rédigent cette passionnante rubrique agissent chacune de leur côté. Une fois le sujet choisi, chaque plume déballe sa petite chronique dans son coin, histoire de ne pas être influencé par les avis des autres, puis on ne découvre le résultat « final » qu’à la fin.

Pourquoi je précise tout cela ? Parce que j’ai pris une décision très importante : cette fois-ci, je ne lirai pas les écrits de mes confrères à propos de ce « sushi terrorisme » dont la bêtise n’a d’égale que la répugnance.

Et la raison est simple : j’ai peur. J’ai peur de lire que l’un d’eux n’est aucunement choqué par ce phénomène. Peur de découvrir qu’ils trouvent même cela plutôt sympathique. Peur de constater qu’ils pratiquent eux-mêmes la chose quand ils vont au Burger King ou… à la cantine du boulot. Peur de les regarder différemment quand, au prochain lunch, j’ouvrirai ma boîte à tartines avec une inévitable appréhension, en tentant de déceler la moindre petite trace d’humidité sur le couvercle. Peur que ma canette de Coca Zero elle-même soit également victime de leurs actes barbares.

Oui, je n’ai pas honte de le crier haut et fort : j’ai les jetons, la frousse, la pétoche. Et je n’ai pas envie de vivre dans cette peur, je préfère de loin vivre dans… euh… ma maison. Voilà pour mes confessions. Maintenant, léchez-moi tranquille, merci.

Nathalie, 53 ans: « Tripoter la nourriture des autres ou lécher les sauces communes est tout à fait inacceptable »

Sur une bombe de laque pour cheveux ou de peinture en spray, il y a souvent un avertissement indiquant qu’il ne faut pas vaporiser le tout sur une flamme ouverte. Je comprends pourquoi ils font cela, c’est probablement dangereux. Mais comme je n’aurais jamais eu cette idée moi-même, je me demande toujours ce qui se passerait si on le faisait.

J’ai le même sentiment avec les restaurants de sushis équipés d’un de ces tapis roulants. J’ai toujours considéré cela comme une invitation à l’espièglerie. Maintenant, tripoter la nourriture des autres ou lécher les sauces communes est tout à fait inacceptable, et ils devraient donc arrêter ça immédiatement.

Mais je pensais plutôt à l’ajout de leurs propres créations stupides. Un petit dino ou une petite voiture en plastique, un sushi en Lego, un maki en tissu ou un nigiri qui, lorsqu’on le croque, se révèle être un petit gâteau. Un rien plus malicieux, mais tout a fait acceptable. Et bien plus drôle.

Découvrez les chroniques 10 ans d’écart, où les générations confrontent leurs points de vue

23, 33, 43, 53 ans: voit-on forcément la vie autrement avec (plusieurs fois) dix ans d’écart ? Positionnés chacun dans une décennie différente, nos journalistes confrontent chaque vendredi leurs points de vue en débattant des sujets dont tout le monde a parlé lors de la semaine écoulée.

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