Florence Hainaut

Florence Hainaut, journaliste: « A 10 ans, je disais que je voulais être avocate pour défendre les femmes »

Florence Hainaut, journaliste, signe un ouvrage sur le cyberharcèlement. Un véritable outil de résistance, prolongation de son travail de sensibilisation diffusé via le documentaire #SalePute. « Parce que la honte doit changer de camp », insiste celle qui répond à nos questions sur le vif.

La question qu’on vous pose le plus souvent ?

« Etes-vous Julie Frère ? » Je trouve ça très flatteur d’être comparée à la porte-parole de Test-Achats, et même si on se ressemble, nous ne sommes pas la même personne !

Le sport que vous pratiquez… en pensée ?

La boxe. J’en ai fait le temps d’un cours, mais je n’avais pas du tout le niveau. Il n’empêche que cela m’avait énormément plu. Et j’avoue que ce serait pratique de m’y mettre, je pourrais enfin rendre les coups.

L’endroit dont vous n’êtes jamais revenue ?

Bangkok ! C’est un peu inexplicable, mais je suis vraiment tombée amoureuse de cette ville. En plus, c’est là-bas qu’habite mon tatoueur préféré !

La personne célèbre avec qui vous aimeriez dîner ?

Gotlib, l’auteur de bande dessinée. Toute ma relation à l’humour et mon sens de ce dernier repose sur lui. Depuis toute petite, j’ai toujours rêvé de le rencontrer et de pouvoir échanger avec cet homme. Son départ en 2016 m’a vraiment bouleversée.

Le plat qui vous ramène en enfance ?

De la purée mousseline avec des épinards et des fish-sticks ! C’était le plat du mercredi que mon père faisait après être venu me chercher à l’école. Entre-temps, mon palais et mes goûts ont (heureusement) un peu évolué. Mais ça me laisse malgré tout un souvenir délicieux.

La chose la plus folle que vous ayez faite ?

Sur le plan personnel, je dirais un saut à l’élastique. C’était dingue. De manière plus générale, ça a été de sauter aussi dans le vide mais plutôt en quittant la RTBF en 2016, alors que tout le monde me disait que « j’étais au faîte de ma carrière ». C’était ma meilleure décision.

Un métier que vous auriez pu exercer ?

Avocate ! D’ailleurs, à refaire, je pense que j’étudierais le droit. C’est drôle, récemment, ma mère m’a rappelé qu’à 10 ans, je disais à qui voulait l’entendre que quand je serais plus grande, je serais avocate pour défendre les femmes. On n’en est pas si loin, finalement !

Ce qui vous saoule vraiment ?

Les gens sur les réseaux sociaux qui s’improvisent tour à tour expert des conflits internationaux, de l’Islam ou du nucléaire, et qui finalement ne font que diffuser de la haine. Ça me rend malade.

L’appli de votre smartphone qui est le plus souvent ouverte ?

Instagram. J’ai supprimé Facebook et X (ex-Twitter) parce que c’était juste devenu beaucoup trop violent. Mais Instagram, j’adore. J’y suis des filles super et l’algorithme m’a bien cernée, donc j’ai plein de chouettes vidéos… et je ne parle pas uniquement de celles avec des animaux mignons (rires).

Un mot pour vous décrire ?

Je dirais cohérente.

Votre achat le plus bizarre ?

Une poubelle à plus de 100 euros. En l’achetant et en la ramenant chez moi, je me suis vraiment dit que je passais dans une autre dimension, j’étais enfin une vraie adulte.
Un moment charnière !

Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite ?

Une sieste ! Avec mon chat sur les genoux de préférence. Avec le récent changement d’heure et la météo de cet automne, c’est tout ce dont j’ai envie…

Une « trousse de premier soin, mais surtout une réserve de munition »

Avec son ouvrage Cyberharcelée, 10 étapes pour comprendre et lutter, Florence Hainaut continue son travail de sensibilisation et sa croisade contre la violence que les femmes subissent au quotidien sur la Toile. « Je m’en suis tellement pris dans la tronche en étant terriblement seule face à ça que je ne veux pas que quelqu’un traverse cet enfer dans la même solitude », nous glisse celle qui aime à se faire appeler Tata harcèlement sur le téléphone des femmes qu’elle aide à surmonter cette épreuve.

Ainsi tout au long des 144 pages de l’ouvrage, dont la préface est signée par la journaliste Myriam Leroy, Florence s’efforce de mettre en lumière la misogynie présente dans la société, en particulier en ligne où elle s’exprime de manière tout à fait décomplexée. « Beaucoup de gens ont du mal à vraiment comprendre que la cyberviolence, elle est réelle. Ce n’est pas parce qu’on ne la voit pas physiquement qu’elle ne fait pas des dégâts. D’ailleurs, 88% des victimes de cyberharcèlement souffrent ou ont souffert de dépression et d’anxiété et plus d’un tiers est atteint du syndrome de stress post traumatique»,  soutient celle pour qui « un changement de paradigme est plus que nécessaire. Tant que socialement, la violence est toujours tolérée voir même encouragée envers les femmes (et toutes les minorité), le cyberharcèlement continuera et Internet, l’espace public le plus important dont nous disposons aujourd’hui, restera un lieu dangereux pour la moitié de la population. »

Un changement qui semble de moins en moins atteignable depuis le rachat de X (ex-twitter) où les insultes racistes sur le réseau ont augmenté de plus de 200%. Mais n’en déplaise à ses détracteurs, Florence entend bien continuer son combat. « Pour que les choses bougent, il faut une volonté politique et pour cela, il faut des données. En Belgique, contrairement à d’autres pays, comme la France, nous n’avons quasi aucun chiffre officiel pour objectiver le problème. Il n’y a actuellement aucune volonté de s’attaquer à ce type de violence. Les chiffres des études internationales que je cite dans mon livre montrent pourtant à quel point les effets de ces violences constituent un enjeu démocratique de taille » assure-t-elle.

Cyberharcelée, 10 étapes pour comprendre et lutter, par Florence Hainaut, éditions De Boeck.

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