cheveux longs
Cheveux longs DR Getty Images Weekend

Faut-il couper court au retour des cheveux longs chez les hommes?

Une fois remis de ses émotions à la découverte du retour de flamme potentiel entre Carrie et Aidan, le web s’est trouvé un autre sujet de préoccupation: le retour des cheveux longs chez les hommes, qu’il s’agisse d’un acteur sur le tournage de And Just Like That ou de votre voisin d’open space.

Mais les cheveux longs, est-ce que ça sied vraiment aux hommes?

Appartenant respectivement aux générations Z, Millenial et X, Thibault Dejace, Kathleen Wuyard, Nicolas Balmet et Nathalie Le Blanc confrontent leurs points de vue sur le buzz du moment dans notre chronique « 10 ans d’écart ». Le sujet de la semaine: les cheveux longs chez les hommes, une tendance décriée entre autres par le Guardian.

Thibault, 23 ans : « Les cheveux longs, c’est un engagement »

Ayant moi-même succombé à la tendance, je me vois mal la descendre. À la différence que j’ai privilégié une coupe mi-longue, plus pratique et meilleure pour mes ondulations naturelles. Et puis que je les soigne aussi.

Je suis très loin d’être contre la tendance de mes pairs masculins à arborer crinières et autre chevelure à la Raiponce, mais par pitié prenez-en soin ! Les cheveux longs, c’est un engagement. On ne les laisse pas juste à l’abandon comme un vulgaire champ de blé en friche. Ça, c’est un grand non. On s’équipe d’un shampoing adapté à sa chevelure de lion, on ne saute plus l’étape de l’après-shampoing et on les brosse. On n’hésite pas non plus à de temps en temps glisser un petit masque pour cheveux dans sa routine de soin capillaire, et le tour est joué. Ne me remerciez pas, c’est pour le bien de vos crinières.

Aussi, avis à tous ceux qui souhaitent adopter une coupe plus longue et qui sont coincés à l’étape de pousse… Courage, on est (presque) tous passés par là, vous ne ressemblerez bientôt plus à Lord Farquaad.

Kathleen, 33 ans: « Un poil de décence, enfin! »

Je fais preuve envers les hommes aux cheveux longs de la même bienveillance qu’envers les adolescents qui me doublent à toute vitesse sur les pistes, leur pratique du snowboard n’étant pas (encore) conditionnée par la nécessité de surtout ne rien se casser. Lire: aucune, voire même, je les hais. Parce que ce qu’ils prennent pour acquis me demande des efforts aussi concertés que chronophages.

Un homme qui décide un beau jour de se laisser pousser les cheveux peut raisonnablement s’attendre à avoir une crinière impressionnante en quelques mois seulement. Pour ma part, ainsi que beaucoup des femmes qui m’entourent d’ailleurs, j’assiste navrée à la pousse tragique de mes cheveux, lesquels prennent environ un demi centimètre de longueur par an, et encore, essentiellement constitué de fourches cassantes.

Dans un monde où tout, absolument tout nous renvoie au visage l’égalité criante qui persiste entre les sexes, est-il vraiment nécessaire qu’on doive s’arracher les cheveux de désespoir? Un poil de décence, enfin!

Nicolas, 43 ans : « J’évite la comparaison avec André Rieu »

Nicolas Balmet © National

L’air de rien, en un peu plus de 40 ans, j’ai déjà pu emmagasiner pas mal de connaissances… et de certitudes. Par exemple : les grands requins blancs sont méchants, 4 + 2 font 6, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, les mois qui commencent un dimanche contiennent toujours un vendredi 13, et je n’aurai jamais les cheveux longs.

Cette dernière évidence m’est apparue vers l’âge de 17 ans, quand j’ai échangé ma coupe de « Brandon de Beverly Hills » contre une coupe ultra-courte me permettant de ne plus devoir recourir à des bombes de laque aussi nauséabonde que suffocante, qui transformait ma salle de bains (et celle de mes parents, donc) en boutique duty free. Depuis ce moment-là, j’ai su que je ne changerais plus jamais mon fusil d’épaule et que, par conséquent, cette même épaule n’aurait jamais la chance d’accueillir une longue et douce chevelure qui poursuivrait ensuite son chemin vers mes omoplates saillantes. C’est la vie.

Mais pour être honnête, ça n’a jamais été très difficile à assumer, et aucun regret n’est jamais venu me hanter. D’abord parce que je trouve qu’il faut éviter de marcher sur les plates-bandes des autres : pourquoi ferais-je de l’ombre aux hippies et aux métalleux, dont les cheveux longs sont une religion, voire un mode de vie ? Ensuite parce que, tout au long de mon humble existence, on m’a parfois dit que mes cheveux rasés me donnaient des airs de Bruce Willis, d’Ewan McGregor ou du chanteur de R.E.M. Vous m’excuserez, mais je préfère nettement ça qu’une comparaison avec André Rieu.

Nathalie, 53 ans :  » Winner, winner, orange eater »

Le présentateur d’un documentaire historique a récemment déclaré que les hommes ont dû dire adieu aux cheveux longs lorsqu’ils ont commencé à travailler dans les usines après la révolution industrielle. Un savoir qu’il partageait lui-même auréolé d’une chevelure dont la longueur faisait clairement figure de rébellion. Car même si une rapide recherche Google révèle que les facteurs qui influencent la longueur sont plus complexes que son explication, de nos jours, porter les cheveux longs quand on est un homme évoque un certain mépris pour les règles établies. Ou bien un goût pour les industries créatives – raison pour laquelle je ne résiste pas à la tignasse de surfeur de Keanu Reeves ou aux boucles de Jon Snow.

Malgré tout, si les femmes peuvent aujourd’hui se permettre tout ou presque au niveau stylistique, chez nous, les hommes restent prisonniers de codes plus stricts: on a beau voir des jupes pour hommes défiler sur les podiums, elles sont nettement moins nombreuses à parader dans les rues des villes belges. Pour ces messieurs, laisser pousser leurs cheveux est une forme de joli pied-de-nez à la norme, et parce que j’applaudis la liberté sous toutes ses formes, je trouve l’initiative au poil!

Découvrez les chroniques 10 ans d’écart, où les générations confrontent leurs points de vue

23, 33, 43, 53 ans: voit-on forcément la vie autrement avec (plusieurs fois) dix ans d’écart ? Positionnés chacun dans une décennie différente, nos journalistes confrontent chaque vendredi leurs points de vue en débattant des sujets dont tout le monde a parlé lors de la semaine écoulée.

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