régime du lion
Régime du lion DR Vif Weekend

Le « régime du lion », la diète carnivore qui fait rugir de déplaisir

Kathleen Wuyard
Kathleen Wuyard Journaliste

Le régime du lion, qui promet de perdre du poids et de gagner de l’énergie en adoptant la diète du roi de la savane, a le mérite d’être original. Du reste, il fait rugir les professionnels de la santé, qui mettent en garde contre ces dangers, mais aussi nos journalistes, qui sont tous d’accord pour montrer les crocs.

Appartenant respectivement aux générations Z, Millenial et X, Thibault Dejace, Kathleen Wuyard, Nicolas Balmet et Nathalie Le Blanc confrontent leurs points de vue sur le buzz du moment dans notre chronique « 10 ans d’écart ». Le sujet de la semaine: le régime du lion, la dernière tocade des (Tik)toqués à la diète.

Thibault, 23 ans: « Le meilleur moyen de flinguer sa santé – et son emprunte carbone »

Mais c’est quoi que cette énième stupidité qui nous est présentée comme une idée miracle et lumineuse ? Ne manger que de la viande, du sel et boire uniquement de l’eau pendant 30 jours. Mais ça ne va pas dans la tête des adeptes du régime du lion ??

De trois choses, l’une. Petit a, je reste convaincu que l’adage qu’on m’a répété tout au long de mon enfance et qui veut que je mange au moins 5 fruits et légumes par jour reste la meilleure solution pour une alimentation saine.

Petit b, au vu du prix actuel de la viande, je n’ose même pas imaginer la facture finale des courses du mois si je m’enfile une entrecôte tous les midis et un filet pur tous les soirs.

Et petit c, à l’heure de la crise climatique et alors que tous les experts s’accordent pour dire que nous mangeons trop de viande, ce « régime miracle » me semble tout bonnement inconscient.

Pour toutes ces raisons, je passe clairement mon tour sur le régime du lion qui me parait être une aberration. Et qui me semble dangereux également. Alors oui, il parait que cela apaise la digestion, mais sincèrement, je pense qu’il y a d’autres façon d’y parvenir. En évitant de se flinguer la santé (et notre empreinte carbone).

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Kathleen, 33 ans: « Je préfère le régime du Lion, plus honnête »

Partons du postulat que j’ai le temps nécessaire pour exploiter pleinement mon goût de la farce (celle du volatile préparé avec amour par les mains maternelles chaque Noël, mais de manière plus générale, aussi, celle qui fait rire). Imaginons ensuite que j’aie opté non pas pour une carrière dans le journalisme mais bien dans le deal d’influence, et que je sois à la tête d’un de ces comptes sur les réseaux sociaux dont, sans qu’on comprenne bien pourquoi ni comment, les milliers d’abonnés se convertissent en espèces sonnantes et trébuchantes.

Le décor est planté, et cette scène virtuelle, qu’en ferais-je, vous demandez-vous? C’est bien simple, je diffuserais mes propres vidéos dédiées au régime du lion. Lequel, chez moi, quitte à manger n’importe quoi et à prendre des gens pour idiots au passage, consisterait donc à me nourrir uniquement de Lion. La friandise en chocolat, pas le gros chat, ça va de soi.

Déclinée sous forme d’une variété de céréales et de barres chocolatées, cette dernière peut se savourer à tous les repas, et contrairement au régime du lion, le vrai, tient ses promesses: garantie d’accumuler rapidement les kilos et de se rapprocher du diabète en s’y adonnant. Comment? Ce ne sont pas le genre de promesses qui garantissent le succès des régimes miracle? Ah. Au temps pour moi.

Nicolas, 43 ans: « Plutôt manger un bébé chat »

Résumons. On a eu le régime « légumes crus » de Demi Moore, le régime « champignons » de Katy Perry, le régime « pots de bébé » de Jennifer Aniston ou encore le régime « aliments de couleur violette » (non, ce n’est pas une blague) de Mariah Carey. Autant dire qu’on a déjà été grassement nourris, pour ne pas dire gavés, par tous les procédés possibles et imaginables en matière de diète. Mais curieusement, aucune de ces méthodes n’est aujourd’hui considérée comme une panacée universelle irréfutable.

Je me permets donc d’ausculter ce régime « lion » avec la plus grande précaution, et ce pour deux raisons. D’abord, je n’ai jamais entendu parler de celle qui l’a imaginé : à ma connaissance, cette Mikhaila Peterson n’a joué dans aucun film hollywoodien, ni incarné un personnage phare dans une série au succès planétaire, et encore moins chanté All I Want For Christmas Is You. Dès lors, en matière de crédibilité, c’est bof bof.

Ma deuxième crainte : ce régime « lion » faisant la part belle à la bidoche, rien qu’à la bidoche, j’ai quand même peur que ça agace légèrement les végétariens et les végans, qui risquent de devenir encore plus rouges que des steaks saignants et qui vont se remettre à écrire plein de bouquins sur le sujet. Or, je trouvais qu’on commençait enfin à avoir un peu la paix dans nos librairies, ce serait dommage que ça reparte comme en 40. En plus, si ces gens-là reviennent, vous verrez qu’à tous les coups, dans leur sillage, ceux qui écrivent des bouquins sur le yoga ou la méditation vont resurgir à leur tour, à la fois sans raison et sans pitié. Et non, désolé : plutôt manger un bébé chat.

Nathalie, 53 ans: « A-t-on atteint le sommet de l’absurde? »

J’ai vu passer sur Internet un article qui se demandait si le régime Lion est une tendance TikTok que nous devrions essayer. En ce qui me concerne, la réponse est claire : pour l’amour de Dieu, non. Je dirais même plus: il s’agit-là d’une illustration parfaite de l’idiotie du monde de l’alimentation. Une influenceuse pense avoir trouvé la solution – non concluante sur le plan médical et nutritionnel – à ses problèmes médicaux très personnels en ne mangeant que de la viande et cela devient rapidement un « régime » que les gens commencent à essayer.

Si je suis honnête, tant de bêtises me font douter de la survie de notre espèce. Nous sommes omnivores, ce qui veut dire que sans une multitude d’aliments dans nos assiettes, nous risquons de développer le scorbut, l’ostéoporose ou encore des troubles du sommeil. Peut-être que la dame qui a inventé cela souffre aussi d’un problème cognitif en plus de ses soucis digestifs ? Qui sait. La seule chose que je n’arrive pas à sortir de ma tête quand je pense à ne manger que de la viande pendant 30 jours, c’est : imaginez les meat sweats que cela doit causer. Pas de quoi rugir de plaisir.

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23, 33, 43, 53 ans: voit-on forcément la vie autrement avec (plusieurs fois) dix ans d’écart ? Positionnés chacun dans une décennie différente, nos journalistes confrontent chaque vendredi leurs points de vue en débattant des sujets dont tout le monde a parlé lors de la semaine écoulée.

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