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La bibliothèque, nouvelle reine de la déco? DR

La bibliothèque, lieu de culture devenu objet décoratif par excellence

Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Comment, vous vous contentez d’utiliser votre bibliothèque comme réceptacle pour votre collection de livres? Comme c’est 2019 de votre part! Depuis la pandémie, d’objet de culture, elle est en effet passée au rang d’objet décoratif culte, et c’est à qui en possèdera les détournements les plus esthétiques – ou la remplira du plus de babioles.

Appartenant respectivement aux générations Z, Millenial et X, Thibault Dejace, Kathleen Wuyard, Nicolas Balmet et Nathalie Le Blanc confrontent leurs points de vue sur le buzz du moment dans notre chronique « 10 ans d’écart ». Le sujet de la semaine: le boom de la bibliothèque, devenue l’objet décoratif par excellence.

Thibault, 24 ans: « La petite maison dans la bibliothèque »

Alors chers lecteurs, vous n’êtes plus sans connaitre mon amour profond pour les livres et le papier. J’ai même déjà confié dans cette chronique mon rêve d’avoir dans mon appartement idéal des pans de murs complets dédiés à mes ouvrages chéris.

Et dans ces étagères rêvées, entre certaines de mes sagas préférées, trôneraient d’adorables petites allées ou maisons, décorant avec mignonnerie et délicatesse ma bibliothèque. Que ce soit une réplique du chemin de traverse, une ruelle que l’on croirait tout droit sortie d’un film du Studio Ghibli ou encore une librairie ancienne (une librairie dans une bibliothèque privée, bonjour la mise en abîme), mes planches seraient jalonnées de ces petits bricolages.

@literarylena i just can’t get enough of these booknooks >>> #booktok #booknook #bookish #bookshelf #booknookdiy #literarylena #robotime #rolife #boektok #fyp #foryou ♬ just sht up and take my money – arianagrande
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J’ai même failli sortir du rêve et je suis passé à deux doigts d’acheter ma première petite maison à bricoler. C’était un dimanche, il pleuvait et j’avais une envie (presque) folle de passer mon après-midi à coller cette multitude de micro-éléments, afin de façonner avec minutie – qualité dont je suis complètement dépourvu – l’objet tant désiré.

Et puis j’ai regardé mon appartement, mes étagères croulant déjà sous les livres, et les piles d’ouvrage qui trainent ça et là. Et je me suis dit que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle…. Ne me reste donc plus qu’à rêver et attendre. La patience est de mise, et après tout il parait qu’elle est mère de vertu. C’est pas plus mal.

Kathleen, 34 ans: « Si c’est ça, être à la page… »

Je ne suis pas plus prête de transformer ma bibliothèque en élément de déco à grand renfort de babioles que de faire de même avec ma valise. Non pas par snobisme intellectuel mais bien parce que l’une comme l’autre sont déjà pleines à craquer et que les détourner de leur utilisation initiale à des fins purement esthétiques, rajoutant de ce fait encore un peu de remplissage au passage, frôlerait l’hérésie. Bien qu’ayant, comme tout le monde, disséminé au gré des années l’un ou l’autre souvenir de voyage dans mes rayonnages, j’ai dû, accumulation de livres oblige, trouver d’autres endroits pour les exposer. Décorative, ma bibli’? Disons que si je dois lui trouver une autre fonction, de nos jours, c’est plutôt celle de casse-tête, ou de piège: il y a des livres partout, dans tous les sens, et en prendre un sans en faire tomber cinq est un défi quotidien.

Bon mais le revers de la tendance, alors, qui voit la bibliothèque transformée en vase, lampe, voire-même, il faut le voir pour le croire, serre-livres? Pardon, mais juste: pourquoi. Pourquoi?! Il n’y a pas besoin de la transformer en bibelot pour qu’elle soit design: en elle-même, avec ses étagères garnies d’ouvrages aux reliures colorées, la bibli est décorative. Quelle est la prochaine étape, disséminer quelques fauteuils miniatures parmi les coussins du canapé? Pardon, mais je dis non. Si c’est ça, « être à la page », alors je renonce avec plaisir à avoir droit au chapitre.

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Nicolas, 44 ans: « Non à l’austérité et oui à la luminosité! »

Oui, oui et encore oui. J’ai toujours trouvé les bibliothèques de mes aïeuls un brin trop classiques, avec un côté fossilisé qui ne m’a jamais vraiment incité à partir à la découverte des pépites littéraires qui s’y cachaient.

Encore aujourd’hui, quand je m’y rends, je reste froid devant les dizaines de dos de livres parfaitement alignés et en proie à d’inévitables difficultés respiratoires. Dès lors, j’ai envie de crier « Non à l’austérité, et oui à la luminosité ! » (j’ai forcément été poète dans une autre vie, il n’y a aucun doute là-dessus).

Inutile, dès lors, de tourner autour du pot : mettre un peu de baume au cœur des bibliothèques de nos maisons, ça s’impose. Peu importe la manière. Et peu importe les auteurs : que ce soit pour y loger du Zola ou du Gavalda, chaque étagère mérite son petit soupçon de fantaisie. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, ça fait belle lurette que, personnellement, j’ai moi-même choisi de mélanger rangement et déco avec ma collection de CD’S (non, je ne suis pas vieux, et en plus, le CD va revenir à la mode un jour, c’est sûr et certain, j’en mettrais ma main à couper le feu).

Depuis toujours, mes chers disques compacts sont rangés dans des caisses en bois qui sont mises les unes sur les autres de façon faussement anarchique, histoire de laisser des espaces permettant de placer des petites lampes, des plantes ou des figurines. Mon objectif ? Rendre le décor agréable tout en faisant en sorte que tout le monde soit logé à la même enseigne, de Massive Attack à Miles Davis, en passant par les Chemical Brothers ou Joe Dassin (le premier qui fait un commentaire désobligeant a perdu). De là à dire que je suis un précurseur, il n’y a qu’un pas à franchir… mais mon éternelle humilité m’en empêche. 

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Nathalie, 54 ans: « Les livres et l’eau ne font pas bon ménage »

Le minimalisme et moi, ça fait deux. Sur les six pièces de mon appartement, trois contiennent une bibliothèque, où on trouve des livres, bien sûr, mais aussi des photos, des souvenirs et même des plantes. « Plus c’est plus », telle est ma devise déco – n’en déplaise à Marie Kondo.

Malheureusement, je sais par expérience que la combinaison des livres et de l’eau peut parfois causer des problèmes. Si vous êtes tenté d’opter pour la tendance vase livre, je ne peux donc que vous conseiller de faire preuve de prudence si vous n’aimez pas les pages ondulées.

@endlessbookworld she‘s so prettyyy ✨✨ #booktok #bookvase #booksandflowers #bookstan #booktoker #booksbooksbooks #bookshelf #readersoftiktok ♬ original sound – ㅤ
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En théorie, mon goût pour le fantasque devrait me faire aimer ce genre de détournements, parce qu’ils donnent l’impression qu’un monde parallèle est caché dans votre bibliothèque, mais je ne suis pas convaincue. Encore que. Lors de l’exposition Vermeer à Amsterdam, j’ai craqué pour la version Playmobil de La Laitière, munie de son quignon de pain et de son pot de lait parce que le principe même m’enchantait. Sauf qu’une fois de retour en Belgique, elle s’est languie de longues semaines dans sa boîte, parce que c’est bien joli, mais que faire de jouets en plastique Vermeer? Et bien les installer parmi vos livres, pardi! L’emballement pour l’aspect décoratif des rayonnages aura eu ça de bon de me souffler l’inspiration d’installer ma laitière sur mon étagère « livres d’art », entre la biographie de Lucian Freud et un livre de photos de Barack Obama. Hérésie? Peut-être. Mais pas pire que les livres classés par couleur, si vous me demandez mon avis.

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